Loin de s’apitoyer sur son sort, Royal Trux retourne chez Drag City et publie en 1998 Accelerator. Un grand cru. Huit morceaux en 31 minutes (à une époque où les albums durent en moyenne 70 minutes) partagées entre le délire et le bruit le plus sauvage, cocktail ici salutaire. Un sans faute ; la plupart des titres sont jouissifs: « I’m Ready », « Juicy Juicy Juice » ou « Liar ». Le groupe est plus sauvage que jamais, prêt à jouer en concert après les Stooges s’ils existaient encore. Primal Scream se souviendra de cet album en enregistrant le titre « Accelerator » sur XTRMNTR.
Sur leur lancée, le couple infernal enregistre Veterans of Disorder, leur meilleur album avec Twin Infinitives. « Waterpack », le titre d’ouverture, aurait même pu faire un single contre l’ennui à une époque où les séquelles de la brit-pop sévissent à travers une armada de groupes de seconds couteaux opportunistes. « Stop » est une ballade moins chiante que celles de Primal Scream (décidément) dont les multiples hommages aux chef-d’œuvres sixties virent trop souvent au pastiche professionnalisé. « Lunch Money » surpasse les meilleurs efforts de Jane’s Addiction et illustre le potentiel festif et dansant du duo. Après une face A de sept titres de 2-3 minutes, la face B enchaîne trois délires plus longs avec des touches impressionnistes orientalisantes qui frisent le mauvais goût hippie sans s'y vautrer. La mélodie et le chant de Jennifer Herrema sur « Coming Out Party » ressemble à s’y méprendre au Dylan de « Gates of Eden ». Hagerty clôt l’opus d’un solo mi-Lou-Reedien (« I Heard Her Call My Name ») mi-albert-aylerien (ce que vous voulez entre 1964 et 1970… le génie!) magique et inutile. Royal Trux tient enfin son Opus Magnus après une carrière en dents de scie. Sans connaître pourtant le succès critique et commercial.
Très productif et en grande forme, le groupe sort Pound for Pound quelques mois plus tard. Il est dans la lignée des deux albums précédents. Les riffs vont à l’essentiel, la rythmique est lourde, les paroles se gueulent. Depuis Accelerator et en s’entourant d’un backing band compétant, Royal Trux a trouvé le son qui le qualifie le mieux, un rock assez lourd qui évite le bourbier de la période Virgin et qui se permet des incursions et des expérimentations psychédéliques. Une alchimie qui prend subitement fin en pleine tournée en été 2000. Le groupe annule toutes les dates restantes. Jennifer part à l’hopital pour fatigue et overdose. Visiblement, les démons de la drogue n’ont pas été tout à fait repoussés. Neil annonce à un magazine japonais que le groupe est fini. C’est par la presse japonaise que Drag City apprend le split de son groupe ! Neil, qui a arrêté les drogues depuis six ou sept ans, commente amèrement la dissolution du groupe (et de son couple): « Ces conneries avec la drogue durent depuis tellement d’années que j’en ai plus rien à foutre. Je m’occupe de ma propre sobriété. Et je ferai tout pour être clean. Je vendrais ma grand-mère pour être clean. » La confusion règne un temps, Jennifer annonçant même qu’un album est en préparartion. Mais Royal Trux est bien mort, après neuf albums studio, un concert en vidéo et une compilation.
La tête de Pascal Nègre négligemment enfoncée sur une pique vintage 1793, le peuple demande la publication des enregistrements de concerts de Royal Trux !
Maintenant ? Neil sort régulièrement des albums solo ou avec son groupe The Howling Hex, dont XI en 2007. Jennifer a fondé RTX, qui a sorti en 2007 son deuxième album, Western Xterminator. Qui s’ouvre sur un titre très Mazzy Star avant de virer hard rock (pour le pire).
Des albums inégaux et surtout, aucun tube, ont empêché à Royal Trux de laisser pour l’instant son emprunte dans l’histoire du rock. Mais il semble que ni Neil ni Jennifer n’aient eu véritablement pour ambition qu’écrire des chansons dans leur coin. Dès 1989, Hagerty déclarait qu’il ne pensait pas toucher un large public et jouer dans des clubs soir après soir. Le même Hagerty qui n’hésitera pas à invoquer pendant plusieurs années une phobie de l’avion pour ne pas tourner en dehors des USA. Notamment pour le concert de Royal Trux au festival Reading en 1998. Il suffit de lire les interviews du groupe pour comprendre ce désintéressement de tout succès. C’est même sous les pseudonymes d’Adam & Eve qu’ils ont produit des albums de Make-Up, William Oldham ou Delta 72. Pas intéressés !
Des albums inégaux et surtout, aucun tube, ont empêché à Royal Trux de laisser pour l’instant son emprunte dans l’histoire du rock. Mais il semble que ni Neil ni Jennifer n’aient eu véritablement pour ambition qu’écrire des chansons dans leur coin. Dès 1989, Hagerty déclarait qu’il ne pensait pas toucher un large public et jouer dans des clubs soir après soir. Le même Hagerty qui n’hésitera pas à invoquer pendant plusieurs années une phobie de l’avion pour ne pas tourner en dehors des USA. Notamment pour le concert de Royal Trux au festival Reading en 1998. Il suffit de lire les interviews du groupe pour comprendre ce désintéressement de tout succès. C’est même sous les pseudonymes d’Adam & Eve qu’ils ont produit des albums de Make-Up, William Oldham ou Delta 72. Pas intéressés !
Discographie:
1988: Royal Trux
1990: Twin Infinitives
1992: Royal Trux aka Royal Trux III
1993: Cats and Dogs
1995: Thank You
1997: Sweet Sixteen
1997: Singles, Live, Unreleased (compilation)
1998: 3-song EP
1998: Accelerator
1999: Veterans of Disorder
2000: Radio Video EP
2000: Pound for Pound
2002: Hand of Glory (titres enregistrés entre 1985 et 1989)
Site de Royal Trux: http://www.rtxusa.com
Royal Trux, acte 1 (1985-1990)
Royal Trux, acte 2 (1991-1997)
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