mardi 2 décembre 2008

Mitsuru Meike - The Glamorous Life of Sachiko Hanai (2003)

Un pinku extraordinaire et atypique de Mitsuru Meike. Le scénario est de Takao Nakano, qui a réalisé en 2004 l'hilarant Sexual Parasite: Killer Pussy qui confronte une bande de cinq étudiants à un parasite monstrueux qui prend possession du corps des jeunes femmes... Une potacherie nippone mineure mais sympathique. The Glamorous Life of Sachiko Hanai est d'une autre trempe. Deux particularités sont notables: le film dure 90 minutes au lieu des 65 minutes habituelles et la toison pubienne de l'actrice principale est visible à plusieurs reprises, ce qui est très étonnant pour une production japonaise.

Emi Kuroda: n'abandonne pas le cinéma, Emi !

L'histoire est déjantée à souhait, le film développant un message politique... anti-Bush ! C'est surtout un fou rire de 90 minutes aussi politique qu'un film de Russ Meyer (pour donner une idée)... L'actrice principale, Emi Kuroda, dont c'est apparemment l'unique rôle au cinéma, présente d'ailleurs une poitrine digne d'une superchick russ-meyeresque.

La première scène du film montre un étudiant suivant un cours particulier d'anglais... La prof, Sachiko Hanai (Emi Kuroda, donc), drague ostensiblement l'étudiant et lui propose un strip-tease en retirant un vêtement par bonne réponse. Question: "Quelle est la capitale des USA ?" Hésitation de l'étudiant, visiblement crispé: "Heu... New York ?" "Correct !" Sachiko enlève sa chemise et l'étudiant, au bord de l'apoplexie, lui saute dessus, ("Sensei ! Sensei !") sans la moindre résistance de la jeune femme, qui correspond bigrement à un fantasme japonais: prof mais plus proche de l'étudiante, en uniforme, l'air innocent et relativement passive. Mais la scène prend fin et le spectateur se rend compte que Sachiko n'est pas prof. Il s'agit en fait d'une prostituée qui travaille dans un Image Club, une sorte de maison de passe où les femmes jouent, selon l'envie du client, le rôle d'une infirmière, d'une hôtesse de l'air, d'une collégienne ou tout ce qui porte un uniforme.

Bullet in the head !

Sachiko se rend ensuite dans un bar où deux clients s'embrouillent. L'un d'eux, un Nord-Coréen pas très clair vient de lui remettre 300.000 dollars en échange d'un "doigt" contenu dans un tube de rouge à lèvres. Le doigt est malheureusement tombé sous une table et le Nord-Coréen n'hésite pas à tuer de sang froid son vis-à-vis. Sachiko prend le tueur en photo et se prend directement une balle en pleine tête ! Mais... elle se relève (un trou dans la tête) et sort du bar, sous le choc... et avec le fameux "doigt" dans son sac.

Monologue de Sachiko: "La sagesse de l'humanité ! Aristote, Dante, Shakespeare, Edison et Stravinski. E=MC2. Tout ceci témoigne de la passion de l'homme pour l'univers !"

La balle a un effet magique sur elle. Sachiko devient un puits de connaissances. Sa blessure au front est comme un troisième oeil. Elle se rend dans une bibliothèque et dévore tout ce qu'elle peut... Intéressée par une étude philosophique du Professeur Saeko, elle lui rend visite d'une façon très provocante, puisque Sachiko se comporte toujours comme une nymphomane en accompagnant ses attitudes physiques de monologues sur la métaphysique kantienne, la pragmatique, le situationnisme, T.S. Eliot, Le Paradis Perdu de Milton ou la pensée de Voltaire ! Le Professeur Saeko n'en croit pas ses oreilles (ni ses yeux !). A la question, "la construction binaire peut-elle expliquer l'univers ?", il saute sur Sachiko et arrive ce qui arrive. Tous les deux assis sur un canapé après une application des théories de Lucrèce, Saeko annonce à Sachiko qu'il a une femme... "mais avec elle, je ne parle pas de Susan Sontag ou de Noam Chomsky".


Les relations prof/élève en 2003 au Japon. L’Éducation Nationale est encore larguée.

Saeko décide de ramener Sachiko chez lui, de la présenter à sa femme et de lui faire donner des cours à son fils. Sachiko enseignera plus que de l'histoire au fils ; elle utilisera sa technique du strip-tease pour le faire progresser. Et il progressera vite ! Comme dans Théorème de Pasolini, la venue de Sachiko transforme la vie des membres de sa famille d'accueil.

Sachiko: "Regarde. C'est la loi fondamentale du monde. Nietzsche et Einstein. Le Comte de Sandwich. Ils viennent tous de là."

Saeko et son discours philosophique avec Sachiko: "Tu veux essayer la dialectique matérialiste ?"

Le film prend une nouvelle dimension quand Sachiko voit et entend George W. Bush en pleine rue ! Le doigt caché dans le tube de rouge à lèvres est en fait le doigt cloné de George W. Bush... Et ce doigt permet d'utiliser l'arme nucléaire ou toute arme de destruction massive ! Dans une scène surréaliste, Sachiko arrive par enchantement sur le toit d'un immeuble où W lui parle par écran de télé et où le "doigt" s'insère par force dans son fondement. Le "doigt" de Bush est un littéral "fuck". Bush prononce d'ailleurs: "C'est la technique Bush... J'ai trouvé le point G !" Voir la vidéo ci-dessous où se mêlent érotisme, détournement d'images, discours politique et allusion au conflit irakien... Ne pas oublier qu'en mars 2003, les USA envahissent l'Irak.


La suite du film dérive en espionnage international et le spectateur voit le malfrat Nord-Coréen faire équipe avec Sachiko. Sont abordés: l'industrie de l'armement, la réunification de la Corée, la destruction du monde, Huntington et le conflit des civilisations, le coup de foudre, Zhuang Zi ou le dieu Chaos de la dynastie Han. Un fourre-tout pas banal pour un pinku !

PS: Tous les dialogues cités sont vraiment dans le film ! Mitsuru Meike ou Takao Nakano ont dû suivre des cours de philosophie dans leur jeunesse.

PS 2: Au générique final, l'hymne national américain est chanté en japonais. C'est verbalement excellent mais je doute de la traduction.

La bande-annonce du film:

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cool & rafraichissant!!