Suite des chroniques sur le toujours étonnant cinéma de Corée du Nord. Comme Bellflower (1987), Urban girl comes to get married est un film qui exalte les bienfaits de la vie rurale. Ce retour à la terre était devenu une thématique récurrente de la Corée du Nord à l'époque, en raison des famines à répétition et du manque de production locale. Le gouvernement du Juche voulait inciter les citoyens à quitter les villes (et le travail industriel) pour retourner dans les campagnes et produire de la nourriture (élevage de canards, semences de blé...). Urban gitl comes to get married, visible entièrement sur Youtube, raconte donc l'histoire de Ri Hyong, une couturière de la ville, envoyée avec son équipe en "voyage éducatif" dans le rustique village d'Unchon.
L'histoire sentimentale très cul-cul - du marivaudage juchéen au pays du matin calme - montre quelques particularités idéologiques socio-économiques : le père de Song Sik, qui dirige un atelier de couture en ville, fait tout pour que son fils épouse Ri Hyong. Sa motivation : que son fils décide enfin de quitter la campagne et puisse utiliser sa force physique à l'usine citadine. Le mariage est donc avant tout un prétexte économique. De son côté, la belle Ri Hyong, qui souhaite devenir couturière de renom, est au début réfractaire à vivre à la campagne mais elle change progressivement d'avis quand elle découvre les motivations héroïques de Song Sik, qui se complait dans la fange et les canards.
Le discours politique reprend le dessus : Song Sik, travailleurs acharné, refuse de quitter sa campagne natale car il veut en faire "une terre communiste idéale" et "un Paradis sur terre". Song Sik reproche même à son père de travailler en ville. Émue par tant de noblesse d'esprit et de cœur, Ri Hyong décide de rester vivre à Unchon, au milieu des canards et de la boue, afin de créer l'idéal communiste auprès de son mari. Le message du Juche Kim Il-sung est bien passé.
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