Publié un an après le roman La Servante portugaise, Le Manteau de glace, qualifié de "récit", est en réalité un traité poétique d'une vingtaine de pages, suivi de treize poèmes de Michel Marmin. Comme dans les premiers écrits de Jean Parvulesco (ses poésies), l'écriture, volontairement alchimique et oraculaire, est difficile de compréhension. A côté, Stéphane Mallarmé est bien plus pénétrable. Jean Parvulesco cite Ezra Pound, Rimbaud, Schopenhauer, Ingmar Bergman et le méconnu Hans Carossa pour théoriser les concepts de "poésie rouge", "poésie noire" et "poésie blanche". Qu'est-ce à dire ? Citons.
Si la poésie rouge est affirmation limpide du règne du soleil dans sa gloire, ou bien alors sauvegarde et maintien immémoriel du chant dans les temps de la détresse de ses nuits profondes, la poésie noire, de son côté, en appelle aux théurgies négatives de la mise en ténèbre des cieux.
Vient ensuite la poésie blanche, matérialisée par les écrits de Michel Marmin. Attention : ces extraits sont sortis de leur contexte, ce qui en complique la compréhension.
La poésie blanche est la poésie de la sur-signification, la poésie de la vitrifaction solaire et apocalyptique des signes de la fin et de leur dédoublement en non-signes, porteuse des paroles vertigineusement transparentes qui font à n'en plus finir qu'il y ait une fin après la fin même de toute fin.
Et c'est encore elle, la poésie blanche,qui veille pour qu'au plus haut degré de la désignification cosmogonique des paroles sacrifiées et se débattant, mais consentantes, dans l'holocauste de leur propre sens virginal, dans les champs péréclités de leur honte et de leur propre immémoire agonisante, celles-ci, les paroles d'après toute fin, proclament sans cesse, ou plutôt tant que cela durera, le seul historial trans-historique de la falaise et de son lit de glaciation, tout en confessant, comme dans un songe légendaire, la fracture de l'échine du non-être et le déversement des moelles qui doivent suivre, qui suit - en nous-mêmes, au tréfonds des cieux - la violation mystagogique du Septième Sceau et tout ce que cela engage, provoque et déclenche, et avec quelle primitive et royale sauvagerie.
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