Lighthouse (등 대) de Kim Chun-sik est un film de Corée du Nord sur le dévouement de l'individu au Parti du Juche. Le Général Kim Il-sung est ici porté aux nues même s'il n'apparait jamais à l'écran. Il est en revanche abondement cité par les protagonistes et joue un rôle clef dans la fin heureuse du film, grâce à un Deus ex-machina - ou plutôt un Juche ex-machina - qui prouve sa grandeur et son amour du peuple. Du grand classique donc.
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Photo souvenir au pied du phare. Obligation de sourire. |
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Parade musicale dans la ville récemment libérée du joug japonais. |
Lighthouse raconte l'histoire de Chon Duk, des années 1930 aux années 1980 : cet illettré va consacrer sa vie à travailler dans un phare, isolé de tous, au prix de nombreux sacrifices personnels. Le film commence par une scène anti-japonnaise : dans les années 1930, encore enfant, Chon Duk travaille au phare sous la tyrannie de l'occupant japonais, dépeint comme un sadique oisif qui s'entoure de belles femmes bien habillées. En 1945, l'envahisseur japonnais quitte la péninsule coréenne : Chon Duk est maintenant libre et il en profite pour retourner à son village natal rejoindre sa famille adoptive (ses parents génétiques étant morts depuis bien longtemps). Sa famille espère que Chon Duk épousera sa "sœur", ce qui constitue le degré de subversion le plus élevé jamais vu dans un film nord-coréen. Même si aucun lien de sang ne lie Chon Duk à sa "sœur", la situation a de quoi étonner. Mais Chon Duk, peu entreprenant avec les femmes et très bourru, va bientôt vouloir retourner travailler au phare, isolé de sa famille.
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Images effroyables de l'oppression des impérialistes japonais. |
La raison ? Chon Duk apprend par le Commissaire local du Parti que le Général Kim Il-sung lui-même avait salué la travail du gardien du phare qui avait guidé dans la nuit les navires de la résistance coréenne pendant la guerre. Bouleversé d'avoir un jouer un rôle important pour son pays et son libérateur bien aimé, Chon Duk comprend que sa seule façon de rendre hommage à Kim Il-sung est de continuer son métier de gardien de phare. Peu importent sa vie de famille et l'espoir d'une meilleure vie dans un pays libre et en pleine reconstruction.
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Qui a dit que Kim Il-sung était une attention whore ? |
S'ensuit une embrouille sentimentale avec sa "sœur", digne de l'Amour est dans le pré. Mais la jeune femme triste comprend les motivations de Chon Duk quand celui-ci lui explique qu'il agit par respect pour le Général Kim Il-sung. Elle accepte donc de le rejoindre sur l'île reculée. Arrive bientôt la guerre de Corée au cour de laquelle Chon Duk est fait prisonnier avant de s'échapper et de rejoindre à la nage son île pour s'occuper du phare et guider éternellement les bateaux de l'armée de Corée du Nord.
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Le plan le plus romantique du film. |
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Un membre du Parti explique aux matelots les exploits de Chon Duk. |
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Retour de Kim Il-sung : il a toujours le dernier mot. |
Trente ans plus, Chon Duk vit toujours sur son île, avec sa femme et ses enfants. Ses amis viennent lui rendre visite, il est devenu une légende malgré sa modestie. Mais un jour, en voulant réaliser un nouvel exploit, Chon Duk, maintenant sexagénaire, se blesse grièvement. Il est sur le point de mourir s'il n'est pas secouru dans les plus brefs délais, ce qui est impossible, car l'île est trop éloignée du continent. C'est alors qu'intervient Kim Il-sung, qui, on ne sait comment, est averti de l'accident de Chon Duk en quelques minutes et fait se déplacer un hélicoptère spécial pour le soigner. La télévision nationale explique même que Kim Il-sung considère les gardiens de phare comme les éclaireurs de la nation, et qu'il prévoit d'améliorer leurs conditions de vie en leur construisant des maisons et des bateaux, pour qu'ils viennent plus facilement sur le continent et "visiter Pyongyang et ses sites touristiques". Une politique du fait-divers pas du tout dépaysante. Tout est bien qui finit bien dans le "paradis socialiste". Lighthouse pourrait naissance à un genre encore peu exploité : les films sur les gardiens de phare.
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