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Kinji Fukasaku (1930-2003) avait décidément plus d'une corde à son arc : le film de yakuza (la série de Combats sans code d'honneur), le film de samouraï (Last of the Ako clan), le polar multi-vitaminé (Cops vs Thugs), le film de guerre (Under the flag of the rising sun), le film de science-fiction (Les Évadés de l'espace), le film catastrophe (Virus) ou l'allégorie dénonçant le libéralisme sauvage (le très acclamé Battle Royale). En 1968, il réalisa également un film d'espionnage psychédélique décadent kitsch : Le Lézard noir. Outre la qualité du film, la participation du travesti Akihiro Miwa et de l'écrivain Yukio Mishima a participé à la renommée du Lézard noir.
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Dans Le Lézard noir, adapté d'un roman d'Edogawa Rampo, une voleuse de bijoux essaie de kidnapper Sanaye, la ravissante fille d'un célèbre bijoutier, pour obtenir un diamant très onéreux : l'Étoile d’Égypte. La voleuse de bijoux, surnommé "lézard noir", est interprétée par Akihiro Miwa, chanteur de cabaret, travesti, figure de proue de l'underground nippon et amant de l'écrivain Yukio Mishima (pourtant marié et père de famille). "Lézard noir" est une sorte d'esthète du crime, considérant le meurtre comme un geste noble et artistique. Le but des meurtres et des vols de bijoux est de se constituer un musée d'œuvres d'art particulièrement raffiné et cruel. Aux côtés des émeraudes et des diamants, on trouve des êtres humains empaillés pour ne pas faner leur beauté et leur jeunesse.
Pour empêcher le "lézard noir" de parvenir à ses fins, le bijoutier menacé engage Akechi, le meilleur détective privé du pays. Lors de son enquête, Akechi arrive rapidement à deviner que sous la charmante Madame Maruyama se cache en réalité le "lézard noir". S'ensuit une relation de séduction entre le détective et la voleuse. Dans ce film d'espionnage semblable à James Bond, OSS 117 ou les polars de Jess Franco (Dans les griffes du maniaque ou Sadisterotica), se dégage un doux parfum wildien actualisé à la sauce psychédélique pop. Un bon mélange.
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Dans la dernière partie du film, Yukio Mishima, un des plus célèbres écrivains du Japon, apparaît quelques minutes dans le rôle d'un humain empaillé. Il y montre sa musculature très développée. Quelques mois après le tournage du Lézard noir, Mishima l'adapta au théâtre. Le 25 novembre 1970, Mishima, nationaliste fidèle à l'Empereur et au Japon traditionnel, se donna la mort par seppuku à l'École militaire du ministère de la Défense.
Le Lézard noir n'est toujours pas disponible en DVD malgré son succès à l'époque de sa sortie et la renommée de Kinji Fukasaku. Ci-dessous, l'ouverture du film :
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