En 1968, en pleine insurrection de la jeunesse estudiantine contre la corruption du corps enseignant, le traité de sécurité nippo-américain, la guerre du Vietnam et l'impérialisme japonais, Nagisa Oshima, déjà bien connu pour ses films politiques (Nuit et brouillard au Japon, 1960), sa vision réaliste de l'impossible dialogue entre la classe ouvrière et le patronat (Une Ville d'amour et d'espoir, 1959) et ses chroniques de la jeunesse perdue de l'après guerre (Contes cruels de la jeunesse, 1960), réalise un film sur la peine de mort. Pour cela, il s'inspire d'un fait divers. En 1958, un Sud-Coréen vivant au Japon avait violé et tué deux lycéennes et fut exécuté en 1962, malgré les protestations de plusieurs intellectuels.
Dans La Pendaison, Nagisa Oshima pose ouvertement la question : "avez-vous déjà vu une exécution ?" Le début du film est totalement didactique et épouse les formes du documentaire. Oshima décrit méticuleusement la chambre de l'exécution, le rituel précédent l'exécution, puis l'exécution elle-même. C'est alors avec surprise que le personnel de la prison et le médecin constatent que le condamné a survécu à l'exécution. A son réveil, R, le condamné, est amnésique. Faut-il le pendre une deuxième fois ? Faut-il attendre que R retrouve la mémoire et prenne conscience de ses crimes pour l'exécuter à nouveau ? R est-il la même personne et mérite-t-il toujours de mourir ?
Passé l'étonnement, les gardiens de la prison tentent d'expliquer à R ses crimes. Ils vont donc rejouer eux-mêmes les scènes de meurtres. On apprend que R est condamné pour avoir violé et tué une lycéenne, puis pour avoir tué et violé une autre jeune fille. R reste muet face à ces accusations. Les gardiens vont alors lui expliquer qui il est : un Coréen vivant au Japon dans une famille pauvre, fils de père alcoolique et d'une mère sourde-muette. Oshima aborde ici le statut de Coréen "zainishi" au Japon depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Même né au Japon, un "zainishi" ne possède pas la nationalité japonaise et est fréquemment considéré comme un être inférieur. Conséquences de la colonisation de la Corée par l'Empire japonais de 1910 à 1945.
Dans La Pendaison, Nagisa Oshima pose ouvertement la question : "avez-vous déjà vu une exécution ?" Le début du film est totalement didactique et épouse les formes du documentaire. Oshima décrit méticuleusement la chambre de l'exécution, le rituel précédent l'exécution, puis l'exécution elle-même. C'est alors avec surprise que le personnel de la prison et le médecin constatent que le condamné a survécu à l'exécution. A son réveil, R, le condamné, est amnésique. Faut-il le pendre une deuxième fois ? Faut-il attendre que R retrouve la mémoire et prenne conscience de ses crimes pour l'exécuter à nouveau ? R est-il la même personne et mérite-t-il toujours de mourir ?
Passé l'étonnement, les gardiens de la prison tentent d'expliquer à R ses crimes. Ils vont donc rejouer eux-mêmes les scènes de meurtres. On apprend que R est condamné pour avoir violé et tué une lycéenne, puis pour avoir tué et violé une autre jeune fille. R reste muet face à ces accusations. Les gardiens vont alors lui expliquer qui il est : un Coréen vivant au Japon dans une famille pauvre, fils de père alcoolique et d'une mère sourde-muette. Oshima aborde ici le statut de Coréen "zainishi" au Japon depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Même né au Japon, un "zainishi" ne possède pas la nationalité japonaise et est fréquemment considéré comme un être inférieur. Conséquences de la colonisation de la Corée par l'Empire japonais de 1910 à 1945.
Comme dans un film de Buñuel, les scènes basculent soudain dans un brouillage entre le rêve et la réalité. Un simulacre de meurtre est tout à coup réel, les gardiens de la prison voient tour à tour des personnes imaginaires comme la "sœur" de R qui exhorte celui-ci à revendiquer ses crimes au nom du peuple coréen et en réaction à l'impérialisme japonais. S'ensuivent des discours sur le meurtre légitimé en temps de guerre, la culpabilité et la frontière entre les fantasmes et le passage à l'acte.
La Pendaison oscille entre humour, ridicule, le fantastique, satire politique, militantisme révolutionnaire, philosophie existentialiste, morale catholique et sacrifice personnel. La peine de mort est toujours appliquée au Japon. Entre 1993 et 2008, 75 personnes ont été exécutées.
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