lundi 16 février 2009

Biographie et bibliographie de Bernard Delvaille


Biographie de Bernard Delvaille

Né en 1931 à Bordeaux, Bernard Delvaille se passionne vite pour la poésie. Les lectures se succèdent et l’adolescent écrit « de longues suites de quatrains en alexandrins rimés » sur des cahiers d’écolier. Diplômé de l’Institut d’Études Politiques, il entre dans l’édition au début des années 1950, comme lecteur chez Denoël, avant de collaborer aux Éditions Seghers en 1956, où il effectue divers travaux éditoriaux. À partir de 1962, il s’occupe avec Pierre Seghers de la collection « Poètes d’aujourd’hui » jusqu’au rachat des éditions par Robert Laffont en 1969. Il dirige alors ladite collection jusqu’en 1989 avec un grand regret, « ne pas avoir publier un De Chirico, un Arp, un Dalì, un Picasso, tous peintres dont l’œuvre poétique ne me paraissait pas négligeable » (correspondance avec l'auteur).

Son implication dans l’édition est renforcée par une participation au Centre National des Lettres de 1975 à 1983 dans les commissions « Poésie » et « Revue ». Ses connaissances littéraires l’amènent à devenir critique et à donner des conférences pour les Alliances Françaises et dans plusieurs universités comme Bruxelles, Lisbonne, Rome ou Toronto. En plus de ces exercices oratoires, il est l’auteur de nombreux articles dans des revues: Combat, Les Nouvelles Littéraires, Les Lettres Françaises, Le Figaro Littéraire et Le Magazine Littéraire. On peut lire quelques unes de ces critiques ou chroniques dans La Revue des Deux Mondes. Enfin, il fait partie des jurys des prix Apollinaire et Max Jacob, est membre de l’Académie Mallarmé et tient le poste de Président de l’Association internationale des Amis de Valery Larbaud. Il a d'ailleurs obtenu le prix Larbaud en 1985 pour l'ensemble de son œuvre.


Ce qui nous amène à la publication de ses essais. Son premier ouvrage est consacré à Valery Larbaud et récompensé du prix Sainte-Beuve en 1963. Suivent d’autres études sur Brahms, Coleridge, Gautier, Morand et Bénezet, où l’on constate une attirance pour le romantisme et la modernité du début du XXè siècle. Outre ces monographies, on distingue son travail d’anthologiste, puisqu’il est l'auteur de trois ouvrages devenus des classiques et salués comme tels par la critique: La Poésie symboliste (Bernard Delvaille sera récompensé du prix Henri-Mondor en 1983 pour ses travaux sur le symbolisme et Mallarmé), La Nouvelle poésie française, qui dresse un état des lieux des espoirs poétiques au milieu des années 1970 et Mille et cent ans de poésie française, une somme de plus de mille pages répertoriant les grands poètes du XIè siècle au milieu du XXè siècle.

Il est encore l’auteur de deux nouvelles publiées au Mercure de France, d’un roman et d’un récit où l’on peut voir des similitudes thématiques avec son œuvre poétique: ce que distingue Alain Bosquet lorsqu’il écrit que son œuvre développe les thèmes de « l’amour et des amours, de l’errance [et] du voyage au loin et en soi, par une plume très précise, d’une remarquable densité. [Il est] un descendant incisif de Valery Larbaud et Paul Morand » (citation d'Alain Bosquet). C'est la deuxième fois que ces deux auteurs sont cités, ce qui est justifiable, puisque Bernard Delvaille s’inscrit dans la poésie du voyage. Il ne le cache pas dans la préface à son Œuvre poétique, lorsqu’il avoue l’influence majeure de ce type de poésie, depuis Baudelaire jusqu’à Louis Brauquier. Il fait plus largement partie des poètes lyriques et romantiques, comme le pense Jean Orizet, qui écrit que « par l’affirmation d’un romantisme nostalgique, le poète est d’abord l’héritier d’un Musset, d’un Verlaine et d’un Laforgue ».


De la poésie de Bernard Delvaille dont on peut dégager quatre tendances:
1) Escales, Blues, Train de vie et Enfance, mon amour, publiés dans les années 1950, présentent le poète dans la ville, en particulier Paris, partagé entre les tourments et la fascination.
2) Désordre, Offrande obscure, Faits divers et Voyages, s’attachent à éprouver les joies du cosmopolitisme et la nécessité du voyage, parfois considéré comme un exil.
3) Jardins d’hiver et Panicauts penchent plutôt du côté de la poésie bucolique.
4) Le Vague à l’âme de la Royal Navy, Blanche est l’écharpe d’Yseut, La Dernière légende lyrique et les Derniers vers offrent une réflexion sur la vie vue comme création poétique et sur le passage de la vie à la mort, de la lucidité à la folie. Les vers sont teintés de mysticisme et d’étrangeté. Quatre tendances donc, pour schématiser l’œuvre de Bernard Delvaille, bien que cette répartition ait ses limites.

Bernard Delvaille est mort le 18 avril 2006 à Venise. Claude Chambard, éditeur bordelais, écrivit cet hommage: « Il était né à Bordeaux en 1931 au coin de la rue Jules Duguas et de l’avenue de la République à Caudéran. Il faisait le meilleur gaspacho au monde, parlait de Mallarmé et de Larbaud comme personne, dansait le tango mieux que Derrida et chantait Ramona comme dans les films des années 30. Il va nous manquer. Oui. Lui qui aimait tant voyager, est mort à Venise ; c’est chic, un peu cheap aussi… tout lui ça ».


Laissons la parole à Bernard Delvaille qui écrit dans son Journal:
« Sa légende, on la crée. La mienne ? Un critique l’a écrit: « voyageur de la mélancolie ». Il faudra dire que j’aurai aimé les ports, la pluie, le vent, que rien plus que la brume et le brouillard n’aura convenu aux indécisions de mon être, que j’aurai aimé la mer, les bars et les garçons, et que le marin est mon frère, plus que le paysan ou le citadin, que j’aurai aimé les grands et plats paysages du Nord, la musique de Malher et celles des honky-tonk pianos, les chardons bleus des sables, les roses jaunes, le genièvre et l’aquavit, les drapeaux, toutes les eaux, de canal ou de marécage, d’étang comme d’estuaire, de lac et de rivière, mais aussi le parfum de la lavande. Comment y comprendrais-je quoique ce soit ? »


Bibliographie de Bernard Delvaille:


1) Œuvres poétiques

Blues, éditions Escales, Paris, 1951.
Train de vie, éditions Paragraphes, coll. « Le Sémaphore », Paris, 1955.
Enfance, mon amour, éditions Subervie, coll. « Le Miroir », Rodez, 1957.
Tout objet aimé est le centre d’un paradis, éditions Millas-Martin, Paris, 1958.
Désordre, Seghers, Paris, 1967.
Faits divers, Seghers, Paris, 1976.
Le Vague à l’âme de la Royal Navy, La Répétition, coll. « La Répétition », Paris, 1978.
Blanche est l’écharpe d’Yseut, Cahiers des Brisants, Mont-de-Marsan, 1980.
La Dernière légende lyrique, Cahiers de Mauregny, Mauregny-en-Haye, 1980.
Poëmes (1951-1981), Seghers, Paris, 1982.
Panicauts ou le voyage d'été, éditions Monologue, Vitry-sur-Seine, 1989.
Œuvre poétique, La Table Ronde, Paris, 2006.

2) Récits, romans, journal

Le Plus secret amour, Le Mercure de France n° 1175, juillet 1961.
Séparés, on est ensemble, Le Mercure de France n° 1193, janvier 1963.
La Saison perdue, Gallimard, coll. « Le Chemin », Paris, 1971.
Les Derniers outrages, Flammarion, 1982, rééd. coll. « Textes », Paris, 2001.
Le Plaisir solitaire, éditions Ubacs, Rennes, 1989, rééd. augmentée, Le Temps qu’il fait, coll. « Lettres du cabaret », 2005.
Séparés, on est ensemble, suivi de Le Plus Secret Amour, Fata Morgana, Montpellier, 1988.
Stravaganza, Fata Morgana, Montpellier, 1994, rééd. 2005.
Le Temps provisoire, Salvy éditeur, Paris, 1995.
Journal 1949-1962, La Table Ronde, Paris, 2000.
Journal 1963-1977, La Table Ronde, Paris, 2001.
Journal 1978-1999, La Table Ronde, Paris, 2003.

3) Essais et critiques

Essai sur Valery Larbaud, Seghers, coll. « Poètes d’aujourd’hui », Paris, 1963.
Coleridge, Seghers, coll. « Poètes d’aujourd’hui », Paris, 1963.
Johannes Brahms, Seghers, coll. « Musiciens de tous les temps », Paris, 1965.
Paul Morand, Seghers, coll. « Poètes d’aujourd’hui », Paris, 1966 ; édition revue et augmentée en 1984.
Théophile Gautier, Seghers, coll. « D’Hier et d’aujourd’hui », Paris, 1968, rééd. Tirages Limités, Rouen, 2003.
Paris, ses poètes, ses chansons, Robert Laffont, Paris, 1980.
Le Piéton de Paris. Passages et galeries du 19ème siècle, illustré de photos de Robert Doisneau, éditions ACE, Paris, 1981.
Londres, Champ Vallon, coll. « Des Villes », Seyssel, 1983.
Mathieu Bénezet, Seghers, coll. « Poètes d’aujourd’hui », Paris, 1984.
Bordeaux, Champ Vallon, coll. « Des Villes », Seyssel, 1985.
Pages sur le livre, éditions des Cendres, Paris, 2004.
Duchamp libre, L’Échoppe, Paris, 2006.
Vies parallèles de Blaise Cendrars & de Charles-Albert Cingria, La Bibliothèque, coll. « Les Portraits », Paris, 2007.

4) Anthologies

Dictionnaire des mots rares et précieux (sous la direction de Bernard Delvaille), Seghers, Paris, 1965; rééd. 10/18, « Domaine français », Paris, 1996.
La Poésie symboliste, Seghers, Paris, 1971, rééd. La Table Ronde, coll. « La Petite Vermillon », Paris, 2003.
La Nouvelle poésie française, Seghers, Paris, 1974, édition revue et augmentée en 1977.
Mille et cent ans de poésie française, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1991.
Le Goût de Londres, Le Mercure de France, coll. « Le Petit Mercure », 2004.

Etude sur Bernard Delvaille: 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi qui n'aime ni les garçons ni les ports j'aime beaucoup Bernard Delvaille. C'est décidément un truc bizarre la poésie.

Marc Novost a dit…

Bonjour, pourriez-vous me dire dans quel recueil se trouvait, à l'origine, le poème "Le voyageur" ? "Quelqu'un viendra par ce chemin
à l'heure la plus sombre"...
Merci pour avoir créé ce blog, que je découvre aujourd'hui.

tomblands a dit…

@ Marc Novost
Je n'ai pas les ouvrages de Bernard Delvaille sous la main, je ne peux donc pas vous répondre. Peut-être a-t-il été publié directement dans le recueil "Poèmes 1951-1981", comme d'autres poèmes qui n'avaient pas été publiés en recueil à l'époque.