samedi 21 août 2010

Hideo Nakata - Sadistic and Masochistic (2000)


Hideo-Nakata-Sadistic-Masochistic
En 2000, le réalisateur nippon Hideo Nakata, encore auréolé du succès international de son film d'épouvante Ring, dévoile une toute autre partie de sa filmographie : le pinku eiga. Nakata a en effet commencé sa carrière comme assistant directeur pour Masaru Konuma, fameux réalisateur de pinku eiga pour la maison de production Nikkatsu. Redevable à Konuma pour l'avoir fait débuter, Nakata réalise le documentaire Sadistic and Maschistic, un portrait de Konuma, de sa personnalité, de son style et de ses obsessions. L'homme a tout de même réalisé 48 films de 1971 à 2000. Et non des moindres. On lui doit plusieurs chefs-d'œuvre comme Wife to be Sacrificed (1974), Flower and Snake (1974), Erotic Diary of an Office Lady (1977) et le terrible Woman in a Box (1985).

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticAnnées 1970 : Nikkatsu rules OK ! Konuma, troisième en partant de la gauche.

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticMasura Konuma sur le tournage de Woman in a Box, panégyrique féministe.

A la fin des années 1960, la Nikkatsu est au bord de la faillite. Les dirigeants décident alors de produire un genre de film apte à faire de l'argent. Le cinéma d'exploitation inspiré par la nudité et le sexe ayant explosé dans les années 1960, à partir du 20 novembre 1971, la Nikkatsu va uniquement sortir des pinku eiga, encore connus sous l'appellation Roman Porno. Les réalisateurs phares se nomment alors Chusei Sone, Noburo Tanaka, Tasumi Kumisharo, Banmei Takahashi, Koyu Ohara... et Masura Konuma. La Nikkatsu mpose à ses réalisateurs plusieurs obligations : mettre une scène de sexe toutes les 10 minutes, faire un film d'une durée entre 60 et 70 minutes, ne pas dépasser un budget de 100.000 dollars, tourner le film sans son, tous les effets sonores (musique et dialogues) étant réalisés en post-synchronisation (ça, c'est chaud...). Passées ces quelques règles, les réalisateurs ont toute liberté artistique. Grâce à cette liberté, le pinku eiga va devenir un champ d'expérimentation très fertile, avec ses sommets mais également ses échecs.

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticHideo Nakata et Masura Konuma en pleine discussion.

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticKoyu Ohara : l'homme qui a réalisé White Rose Campus... Then Everybody Gets Raped
en 1982. Un type bien sous tout rapport.


L'intérêt de Sadistic and Masochistic réside dans le nombre d'intervenants de la Nikkatsu (actrices, réalisateurs, producteurs, scénaristes...) qui permettent non seulement de dresser un portrait de Masura Konuma mais de toute une époque et d'un genre cinématographique qui existe encore (seulement au Japon) et offre encore de bonnes surprises. Premier intervenant : Hideo Nakata lui-même qui raconte quelques anecdotes du tournage de Woman in a Box dont une scène a été tournée à Tokyo, en plein centre-ville, par une chaleur de 40 degrés. Devant de simples passants, Konuma filmait une actrice nue et attachée façon bondage, enfermée dans un van ! Témoignage de l'actrice, Saeko Kizuko, la trentaine bien sonnée au moment du documentaire : "j'aime la chaleur, j'aime les saunas, la chaleur ne me dérangeait pas tant que ça".

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticNaomo Tani et Masura Konuma dans les années 1970.

Autre témoignage important, celui de Naomi Tani, "reine du roman porno" dans les années 1970, qui revient dans les studios, vingt ans plus tard, et retrouve Masura Konamu, avec lequel elle regarde le film Wife to be Sacrificed, en se racontant des anecdotes. Émouvant. Historique.


L'actrice Saeko Kizuki se remémore, hilare, le tournage particulièrement éprouvant de Woman in a Box,
dont une scène tournée dans les égouts.

Aucun commentaire: