samedi 1 novembre 2008

Peter Whitehead & The Rolling Stones, la suite

Après son documentaire sur la tournée des Stones en Irlande en 1965, Peter Whitehead a poursuivi sa collaboration avec le sulfureux groupe de rock. De plus en plus sulfureux. En sepembre 1966, les Rolling Stones publient leur nouvelle chanson, "Have you seen your mother, baby, standing in the shadow ?". Le titre est soutenu par un clip vidéo (pratique qui commence à se développer) réalisé par Peter Whitehead. On y voit des extraits de Charlie Is My Darling, des scènes d'émeutes et de bagarres pendant les concerts des Stones (c'est toujours très drôle à regarder). Le style de Whitehead est reconnaissable grâce aux subites accélérations des images qui créent un effet kaléidoscopique.

What a "drag" it is getting old. La fameuse photo des Stones pour le 45-tours "Have you seen your mother..." sept ans avant les New York Dolls.

Le clip:

http://www.youtube.com/watch?v=-xeK_1mtYOs&feature=related

Whitehead réalise par la suite le clip de "We love you", un des meilleurs titres des Stones, alors en plein révolution psychédélique. Un rappel historique de la genèse de cette chanson est souhaitable pour apprécier le clip à sa juste valeur.

En février 1967, le journal News of the World publie l'article "Pop stars and drugs: the facts that will shock you" qui décrit la consommation de LSD et de hachich par les musiciens tels que les Who, Donovan ou les Roling Stones. Le journaliste écrit que Mick Jagger l'a invité dans son appartement pour fumer un joint. Il s'avère que le Rolling Stone en question est en fait Brian Jones ! Mick Jagger, invité à la télévision le soir de la parution de l'article, annonce qu'il porte plainte contre le journal. Une semaine plus tard, le 12 février, la police fait une intrusion à Redlands, la propriété de Keith Richards, où se trouvent notamment Mick Jagger et son amie Marianne Faithfull, nue sous un manteau de fourrure (et de la drogue cachée dans son intimité). La police trouve des substances illicites. La Justice prend le relais. Le 9 mai 1967, des charges sont portées à l'encontre de Jagger et Richards. Le jour même, la police fouille l'appartement de Brian Jones et y trouvent du cannabis. Trois des cinq Stones se trouvent dans la tourmente judiciaire. Joli score.

Peter Whitehead et sa shooteuse.

Le 29 juin, Jagger et Richards sont condamnés à de lourdes peines de prison (respectivement trois mois et un an fermes) mais libérés sous caution le lendemain. Le Times publie alors l'article "Who breaks a butterfly on a wheel ?" qui dénonce la sentence excessive d'un délit mineur. Brian Jones est également condamné à une peine de prison en novembre, peine qui se transforme en amende de 1000£ et une mise à l'épreuve de trois ans.

Documentaire radiophonique québécois du 4 juillet 1967 qui relate la condamnation de Jagger et Richards:
http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/musique/clips/4884/

C'est dans cette ambiance que les Rolling Stones enregistrent le 12 juin "We love you", qui remercie les fans pour leur soutien. Paul McCartney, John Lennon et Allen Ginsberg chantent les choeurs de ce morceau psychédélique influencé par la musique répétitive marocaine. Pour le clip, Peter Whitehead filme les Stones en studio. On y découvre, provocation, un Brian Jones sous influence qui a bien du mal à ouvrir les yeux. Vient ensuite une adaptation du procès des Stones. Keith Richards joue le juge, Mick Jagger l'accusé et Marianne Faithfull, le témoin. Le fameux manteau de fourrure de Redlands joue le rôle de la preuve ! Tout ceci relève évidemment de la potacherie. Pour certains, ce procès fait aussi référence à celui intenté à l'encontre d'Oscar Wilde en 1895 pour sodomie.

Sorti le 18 août 1967 au Royaume-Uni, "We love you" atteint la huitième place des charts.

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