Comme
Pulgasari et
Hong Kil Dong,
The Blood Stained Route Map est un film nord-coréen dont l'action se passe dans la période dynastique Joseon, avant l'annexion japonaise. C'est un film en costumes, comme on dit, sur la lutte des Coréens pour empêcher l'invasion du groupe d'îlots des
Rochers Liancourt par l'ennemi japonais. Un sujet hautement politique quand on sait que ces îles, appartenant aujourd'hui à la Corée du Sud, sont toujours convoitées par le Japon. En 1905, ces îles avaient été les premières à être annexées par le Japon, avant l'ensemble du territoire. Dans le film, ces îles sont nommées Mureung et Usan, comme précisé dans les écrits coréens anciens. Il est d'ailleurs intéressant de constater que, fait rarissime, ce film a été projeté deux fois en Corée du Sud. Car le film fait aussi l'éloge de la réunification du pays.
The Blood Stained Route est visible ici :
partie 1 et
partie 2.
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Sok Pa : combat inconditionnel de l'indépendance coréenne. |
The Blood Stained Route Map exalte le retour au "pays natal", thème cher au cinéma nord-coréen. L'histoire met en scène trois frères originaires des Rochers Liancourt et dont la famille a été tuée par un seigneur coréen, allié à l'ennemi japonais, pour s'emparer du trésor national : un bouddha en or qui symbolise l'âme et l'esprit de la Corée. Si ce bouddha tombe entre les mains des Japonais, c'est donc la disparition totale de la Corée qui est en jeu. Avant la mort de leur père, les trois frères ont chacun récupéré un morceau de carapace de tortue qui contient une carte de l'endroit où le bouddha est caché. Une dizaine d'années plus tard, alors que les frères ont été séparés et vivent sur le continent, loin de leur île chérie, ils sont de nouveau confronté aux attaques du seigneur traitre à la solde du Japon. Le combat pour la défense nationale sera sanglant.
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Les Rochers Liancourt, sujet de brouilles territoriales. |
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Le Seigneur coréen traitre aux mains des Japonais. |
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Ambiance peplum. |
The Blood Stained Route Map étonne d'abord par la qualité de sa photographie, la beauté des décors et surtout le nombre de plans : contrairement aux films nord-coréens depuis les années 1980, The Blood Stained Route Map bénéficie d'un montage riche où les plans sont très courts et variés. Tout en gardant raison, Phyo Kwang est un peu le Michael Bay coréen, ce qui rapproche ce film des films occidentaux. Le scénario est également plus haletant que celui de films sur le collectivisme agricole ou les bienfaits du sport. The Blood Stained Route est assez proche de Hong Kil Dong, le Robin des Bois coréen où se mêlent patriotisme exacerbé, trahison et corruption des élites, justice sociale, lutte des classes et amour impossible. Un film bien plus subversif qu'il n'y paraît à première vue.
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Miss Kul Bi et un daim : la touche "kawaï" et sentimentale du film. |
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Martyr et héros national. |
Quant au message politique à l'encontre du Japon, il est très clair : le film se termine par une voix-off qui prévient qu'en cas de nouvelle annexion des Rochers Liancourt par le Japon, la Corée répondra par violence pour défendre son territoire. Une position qui n'est seulement celle de la Corée du Nord. En 2005, le Conseil national de sécurité coréen a d'ailleurs déclaré : "ce n'est pas seulement une question territoriale, mais rien d'autre qu'un déni de l'histoire de notre libération nationale, de même qu'une justification de l'agression". Le Japon continue actuellement de faire pression pour régler ce différend territorial. Une projection de The Blood Stained Route Map n'est pas encore prévue au Japon.
1 commentaire:
L'action se passe dans la période dynastique Goryeo, pas la période dynastique Joseon.
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