La sortie du roman de Jean Parvulesco La Servante portugaise, en 1987, est passée inaperçue à l'époque, sauf par la revue Style, créée par Luc-Oliver d'Algange, et à laquelle collaborait Jean Parvulesco lui-même. Dans son deuxième numéro, Style, en plus de publier un poème inédit de Jean Parvulesco ("Le Pacifique nouvel axe du monde"), livre une note de lecture de La Servante portugaise, signée Luc-Oliver d'Algange. En voici des extraits.
La récente parution de La Servante portugaise ne manquera pas d'apparaître, à ceux qui savent encore lire, comme le signe annonciateur de l'imminente résurgence, en France, d'une authentique littérature sacrée. Celle-ci, d'ailleurs, ne fut jamais occultée qu'en apparence. or, à l'heure qu'il est, ces apparences sont destinées à devenir de plus en plus transparentes, jusqu'à, finalement, disparaître. Je veux dire que face à la littérature profane, naturaliste, universitaire ou mondaine, il y eut toujours une autre littérature, qui sous divers aspects (célébrateurs, herméneutiques, mystiques, épiques ou prophétiques) relève indubitablement du sacré, au même titre que les hymnes védiques, le Zohar, les poèmes de Saint-Jean de la Croix ou les cycles arthuriens. Encore faut-il percevoir les complicités qui, au-delà de l'histoire et de la géographie profanes, unissent le plus lointain et le très-proche, l'immémorial et l'instant où nous sommes, ce qui fut dit et ce qui doit encore être déchiffré, et le livre de Jean Parvulesco nous y porte irrésistiblement.
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A l'instar d'autres livres de Jean Parvulesco, La Servante portugaise est aussi un livre de Haute-Magie et une mise en demeure métahistorique. une apocalypse dirions-nous, mais au sens étymologique de révélation, ce qui, d'ailleurs, n'atténue en rien le caractère terrible de l'expérience à laquelle nous sommes conviés. Mais sans doute faudrait-il parler ici d'une apocalypse radieuse, porteuse d'une espérance dont la vastitude idéale serait la mesure d'un Ciel d’Été, tracé, divisé vertigineusement (en vue de quelle géométrie ouranienne ?) par la criante vitesse des vols d'hirondelle.
L'histoire de ce "roman" serait en quelque sorte celle d'Orphée et d'Eurydice. L’Eurydice est la préexistence de l’œuvre sur laquelle, au moment de l'accomplissement, il ne faut point se retourner. Celui qui s'avance dans les ténèbres des signes et des mots doit garder à l'esprit, mais hors de portée de ses yeux de chair, cette silhouette antérieure qui ne le suit que parce qu'il s'avance vers la sortie des ténèbres, la Grande Lumière de la Souveraineté du Sens. Telle serait la victoire d'Orphée, son échec le vouant à être dépecé par les Ménades pour avoir été infidèle à cette unique souveraineté.
L'importance du livre de Jean Parvulesco, d'une beauté incandescente, est de nous replacer d'emblée au cœur de cette dramaturgie qui est elle-même le cœur battant de la spiritualité hespériale. Après les ténèbres, mais long aura été le chemin, nous voici de nouveau au seuil des très-philosophales splendeurs de l'Aube Dorée.
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