Suite du texte de Willy sur les décadents: Le Décadent vu de pile, toujours extrait de L'Année fantaisiste 1893. Ou comment Willy démasque l'attitude de poseur des décadents qui ne sont, finalement, que des bourgeois déguisés et arrivistes. C'est toujours aussi drôle.
Arrivé à sa porte, le décadent ouvre avec précaution, traverse sans bruit l'appartement de sa famille, avec laquelle il habite, puis, quand il est entré dans sa chambre, le verrou tiré, il s'étire et pousse un formidable ouf !...
Il ôte d'abord sa perruque, fait tomber le fard qui lui blanchit la figure, se lave les mains, endosse une jaquette ample et bien brossée.
Il apparaît alors les cheveux très courts, frisés au petit fer, la figure rose et épanouie, la barbe taillée en pointe, le buste en avant avec une légère tendance à l'embonpoint.
Le décadent, vu de pile, passe ensuite au salon ; après avoir embrassé sa mère et sa sœur qu'il vénère comme deux anges, il se met au piano et leur joue des mélodies de Schubert.
A table, le décadent s'assied avec un sourire de satisfaction, mange copieusement et fait des plaisanteries ; mais quand les mets ne sont pas cuits à point, il ne manque pas d'en faire l'observation. Sans vouloir qu'on rudoie les domestiques, il tient à être respecté et à ce que chacun garde sa place.
Après dîner, il fume une ou deux cigarettes, puis il fait une partie de dames ou de piquet avec son père, qui, très fort à ces deux jeux, est heureux d'avoir un partenaire sous la main.
On cause de divers sujets, de ce que chacun a fait dans la journée. Le décadent, vu de pile, aime les racontars et les potins. Il se fait détailler la toilette de Mlle X... au bal de la veille. Il apprend avec plaisir que l'aînée des petites a valsé quatre fois avec le lieutenant vicomte de Y... Il trouve que cette pimbêche de Mme Z... aurait pu rendre plus tôt sa visite du jour de l'an.
A la fin de la soirée, le décadent fait la lecture à haute voix à sa mère et à sa sœur ; il a déjà épuise tout le répertoire de Mme Craven et de Zénaïde Fleuriot. Maintenant, il en est à Walter Scott.
Rentré dans sa chambre, le décadent, vu de pile, prend dans le tiroir une photographie qu'il regarde longuement ; il trouve, de plus en plus, que cette petite Gabrielle n'est vraiment pas mal, qu'elle a l'air modeste, intelligent et doux. Il songe qu'il a vingt-sept ans bien sonnés ; qu'il plaide de droite et de gauche sans arriver à rien de sérieux ; que ses livres de poésie ne se vendent pas et que ses articles lui sont rarement payés. Il se rappelle que le père de Gabrielle a une ferme-école en Basse-Bretagne, il serait associé avec lui, mènerait la saine vie des champs, surveillerait les champs, surveillerait les élevages, prendrait de l'influence dans ce pays conservateur, deviendrait conseiller général avec son beau-père, puis député... Et peu à peu le décadent, vu de pile, qui s'est mis au lit, s'endort en se disant que ce mariage serait très bien... très bien sous tous les rapports.
Arrivé à sa porte, le décadent ouvre avec précaution, traverse sans bruit l'appartement de sa famille, avec laquelle il habite, puis, quand il est entré dans sa chambre, le verrou tiré, il s'étire et pousse un formidable ouf !...
Il ôte d'abord sa perruque, fait tomber le fard qui lui blanchit la figure, se lave les mains, endosse une jaquette ample et bien brossée.
Il apparaît alors les cheveux très courts, frisés au petit fer, la figure rose et épanouie, la barbe taillée en pointe, le buste en avant avec une légère tendance à l'embonpoint.
Le décadent, vu de pile, passe ensuite au salon ; après avoir embrassé sa mère et sa sœur qu'il vénère comme deux anges, il se met au piano et leur joue des mélodies de Schubert.
A table, le décadent s'assied avec un sourire de satisfaction, mange copieusement et fait des plaisanteries ; mais quand les mets ne sont pas cuits à point, il ne manque pas d'en faire l'observation. Sans vouloir qu'on rudoie les domestiques, il tient à être respecté et à ce que chacun garde sa place.
Après dîner, il fume une ou deux cigarettes, puis il fait une partie de dames ou de piquet avec son père, qui, très fort à ces deux jeux, est heureux d'avoir un partenaire sous la main.
On cause de divers sujets, de ce que chacun a fait dans la journée. Le décadent, vu de pile, aime les racontars et les potins. Il se fait détailler la toilette de Mlle X... au bal de la veille. Il apprend avec plaisir que l'aînée des petites a valsé quatre fois avec le lieutenant vicomte de Y... Il trouve que cette pimbêche de Mme Z... aurait pu rendre plus tôt sa visite du jour de l'an.
A la fin de la soirée, le décadent fait la lecture à haute voix à sa mère et à sa sœur ; il a déjà épuise tout le répertoire de Mme Craven et de Zénaïde Fleuriot. Maintenant, il en est à Walter Scott.
Marilyn Monroe: "Je n'ai rien à faire sur ce billet, je ne suis qu'une pauvre actrice qui n'a rien demandé". C'est vrai. C'est juste pour l'esthétique.
Rentré dans sa chambre, le décadent, vu de pile, prend dans le tiroir une photographie qu'il regarde longuement ; il trouve, de plus en plus, que cette petite Gabrielle n'est vraiment pas mal, qu'elle a l'air modeste, intelligent et doux. Il songe qu'il a vingt-sept ans bien sonnés ; qu'il plaide de droite et de gauche sans arriver à rien de sérieux ; que ses livres de poésie ne se vendent pas et que ses articles lui sont rarement payés. Il se rappelle que le père de Gabrielle a une ferme-école en Basse-Bretagne, il serait associé avec lui, mènerait la saine vie des champs, surveillerait les champs, surveillerait les élevages, prendrait de l'influence dans ce pays conservateur, deviendrait conseiller général avec son beau-père, puis député... Et peu à peu le décadent, vu de pile, qui s'est mis au lit, s'endort en se disant que ce mariage serait très bien... très bien sous tous les rapports.
Willy, Les décadents vu de face: ici.