Deuxième long métrage de Sono Sion, après Bicycle Sighs (1990), The Room (Heya - 部屋 en japonais) a obtenu le Prix spécial du Jury lors du festival Sundance de Tokyo en 1992. Par la suite, il a projeté dans 49 autres festivals internationaux, dont Berlin et Rotterdam. Une reconnaissance étonnante pour un film singulier que la majorité des spectateurs pourrait taxer d'ennuyeux. Rien à voir avec les récents films multi-vitaminés de Sono Sion comme Suicide Club, Exte ou Cold Fish. The Room tient plus du cinéma contemplatif, comme I Am Keiko (1997) : succession de longs plans fixes, dialogues réduits au minimum (le tout tient sur un simple feuillet), et seulement deux acteurs principaux (et deux seconds rôles). Tout ça dans un superbe noir et blanc et une post-synchronisation originale : les acteurs chuchotent au lieu de parler à voix haute !
Ennuyeux, The Room l'est délibérément. Dans un Tokyo énigmatiquement désert, un tueur à gage cherche un appartement à louer. Il se rend donc dans une agence immobilière où il est reçu par une salariée quasi-mutique et renfermée. Nous ne connaîtrons jamais les noms des personnages principaux. La seule identité de la jeune femme est son numéro de salariée : 8499537. Les plans fixes, dénués de dialogues, se suivent : le tueur à gages et la jeune femme dans le métro, dans un premier appartement, dans le métro, dans un deuxième appartement, dans le métro, dans un troisième appartement, ainsi de suite. Soit le spectateur se laisse bercer par ce rythme lent, répétitif et minimaliste, soit il décroche complètement et ne verra jamais la chute du film.
Le rôle du tueur à gages est tenu par Akaji Maro, célèbre danseur de butoh, acteur et ami de Sono Sion. On le voit d'ailleurs dans plusieurs de ses films : Utsushimi (dans son propre rôle), Suicide Club et Like A Dream, Il joue également dans la trilogie de l'ère Taisho du génial Seijun Suzuki : Zigeunerweisen, Kagero-za et Yumeji. Le rôle de la jeune femme est joué par la charmante Yoriko Doguchi : on peut la voir aussi dans plusieurs films de Kiyoshi Kurosawa, dont le godardien anarcho-érotique The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl, Cure, Licence to Live et Charisma.
The Room : visite du premier appartement.
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