Dans son journal-roman Le Sentier perdu, publié en 2010, entre les analyses politiques sur l'Inde, Sept ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud, les Mémoires de Leni Riefensthal, le canular antimaçonnique Diana Vaughan ou sa dernière rencontre avec Ava Gardner, à Barcelone, en 1963 ("Ava, couverte de sueur, les cheveux dans les yeux, dépoitraillée, les lèvres peintes d'un rouge foncé, presque noir, les yeux scintillants comme deux diamants aux feux sombres, paraissait en proie à une excitation fiévreuse"), Jean Parvulesco, écrivain d'extrême avant-garde, cite in extenso l'article de Reinhardt Jünger-Meinert sur une émission de Radio Moscou d'Alexandre Douguine consacrée, justement, à Jean Parvulesco lui-même et sa géopolitique grand-européenne. Lecture essentielle pour la compréhension du concept d'empire eurasiatique, en 1997 (il y a 14 ans !) .
Alexandre Douguine et Jean Parvulesco.
Récemment, Alexandre Douguine a consacré, sous le titre de Finis Mundi, une fort exceptionnelle émission, sur Radio Moscou, à l'exposition des doctrines littéraires, spirituelles et géopolitiques, à l'analyse très fouillée de la vie et de l’œuvre visionnaire de Jean Parvulesco, émission d'une durée d'environ deux heures et qui n'a pas manqué de provoquer des remous tout à fait considérables dans les milieux intellectuels d'avant-garde de la capitale de la Russie.
Soutenue par un important dispositif d'accompagnement musical, ainsi que par la participation de plusieurs interprètes professionnels des textes cités, l'émission d'Alexandre Douguine s'est efforcée de passer en revue la totalité de, l’œuvre écrite, disponible à ce jour, de l'auteur des Mystères de la villa Atlantis, en mettant en l'accent grave sur les dimensions occultistes opératives de celle-ci, ainsi que sur les dimensions métapolitiques supérieures de ses engagements géopolitiques dans les voies du prochain avènement de la nouvelle Europe grandes-continentale, de l'"Empire Eurasiatique de la Fin", autrement dit de la l'intégration impériale finale du Grand Continent comportant l'Europe de l'Ouest et de l'Est, la Russie et la Grande Sibérie, l'Inde et le Japon, version révolutionnaire finale du concept haushoferien fondamental de Kontinentalblock.
Alexandre Douguine a présenté son analyse de l'ensemble de l’œuvre de Jean Parvulesco par une suite vivante, soutenue, concentrée, souvent provocante à dessein, de brèves interventions ponctuelles, qu'armaient de substantielles citations de celle-ci, parfois dramatisées. la présence irradiante de l'Inde, et de certaines doctrines tantriques hindoues des plus prohibées, dans l’œuvre de Jean Parvulesco y a été puissamment soulignée, à maintes reprises, avec une force et une accentuation des plus significatives.De gauche à droite : Édouard Limonov, le chanteur Iegor Letov et Alexandre Douguine.
Et nous nous saisirons de l'occasion présentée par notre compte rendu sur cette émission pour relever également l'avancée révolutionnaire opérée actuellement par Alexandre Douguine en direction d'une nouvelle interprétation géopolitique des rapports suprahistoriques spéciaux de l'Inde et de la Russie, des rapports prédestinés, profondément occultes, mais dont l'heure est à présent venue pour que l'on en révèle l'importance absolument certaine, décisive.
Aussi Alexandre Douguine déclarait-il, récemment, que "la Russie est le seul vrai Empire du Milieu, le heartland fondamental eurasiatique, le pont occulte entre l'Orient et l'Occident. "On n'arrive aux Indes qu'à travers la Russie, qu'à travers Moscou". Et ensuite : "c'est la raison de l'avortement, aussi mystérieux que tragique, de tous les essais, de toutes les tentatives - essais dont Jean Parvulesco a su saisir les traces, encore brûlantes, avec une impensable clairvoyance, dans son Retour des Grands Temps - de ceux qui ont cru pouvoir rejoindre l'Inde autrement que par le passage obligé de la Russie. "Mon pays, Russie, Inde blanche", s'était écrié le grand Nikolay Kluyev. Car la Russie est l'Inde primordiale, la terre sacrée des commencements des temps avant les temps actuels, du commencements des temps Antérieurs. Tilak, tout comme Jacolliot, ont prouvé que les Védas avaient été composées dans certaines terres polaires extrêmes, que des fouilles archéologiques récentes montrent comme des territoires placés par le destin sous le contrôle et la protection de la Russie. Le retour à Bénarès, le roman au propos chiffré d'Olivier Germain-Thomas dont Jean Parvulesco nous dévoile les significations cachées dans Le Retour des Grands Temps, n'est-il pas très précisément voué à montrer que tout ce que l'on peut encore découvrir de l'Inde, sans passer par la Russie, ce sont les "cendres de la Bien-Aimée", le "retour à l'Inde noire". Car l'"Inde blanche" c'est seulement la Russie qui peut nous donner l'accès, la Russie transcendantale, dissimulée, sainte autant que sanglante, à la fois violée et vierge, et vierge à jamais. Et Alexander Blok ne s'était-il pas écrié, lui aussi, dans une terrible envolée mystique et amoureuse, "Ma Russie, ma Femme ? Nuptialement, prophétiquement ; tantriquement".Alexandre Douguine, eurasiste convaincu et lecteur de Jean Parvulesco.
Cette émission d'Alexandre Douguine sur Jean Parvulesco restera donc, sans aucun doute, comme une instance fondamentale de la prise de conscience suprahistorique grande-européenne en train de naître et de s'affirmer aujourd'hui à la pointe de l'immense vague révolutionnaire qui s'apprête à tout balayer sur son chemin, la vague de fond d'une nouvelle Révolution Mondiale Totale, de la nouvelle Totale Weltrevolution qui se lève à l'horizon de notre attente sans heure.
Avec Alexandre Douguine, la délégation grande-asiatique de Moscou prend aujourd'hui sa véritable place au sein du front révolutionnaire impérial grand-européen, au sein de la nouvelle Révolution Polaire en marche vers l'accomplissement de son destin final, dont personnes ne saurait se figurer la véritable identité, et bien moins encore le vrai visage.
Et ne faut-il pas voir, déceler un signe prémonitoire dans le fait que, grâce au travail majeur d'Alexandre Douguine, l’œuvre visionnaire de Jean Parvulesco est parvenue ainsi à rayonner, depuis Moscou, vers le corps continental asiatique de notre future unité polaire impériale eurasiatique ?
2 commentaires:
Merci pour cet article, il est malheureusement très rare de lire des textes en français sur Douguine qui est pourtant une figure intellectuelle très intéressante, et je ne m'attendais pas à tomber coup sur coup sur un article traitant de Nabe, moi qui ne visite votre blog que pour vos critiques cinématographiques (particulièrement celles sur Miike).
Pour ceux qui souhaiteraient écouter l'émission (en russe), c'est par là :
http://arcto.ru/modules.php?name=News&file=article&sid=1108
À noter que la légende de la deuxième image est erronée : Limonov est à gauche, Douguine à droite ; au milieu, il s'agit du chanteur de punk sibérien Iegor Letov du groupe Grajdanskaïa Oborona (Défense civile).
Cordialement,
LO
@ LO
Merci pour le lien de l'émission et la rectification de la légende iconographique.
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