En 1909, Karl Kraus (1874-1936) rassemble en un volume les aphorismes qu'il a publiés dans son journal Die Fackel. Les sujets ? La femme, la morale, l'érotisme, le christianisme, le journalisme, la politique... Un regard assez acide sur ses contemporains. A la fois misanthrope et misogyne. En voici quelques extraits, choisis au hasard. Ou pas.
Karl Kraus, auteur malheureusement méconnu et peu traduit en France. |
Rien n'est plus insondable que la superficialité de la femme.
Ils sont cent hommes à se rendre compte de leur pauvreté face à une femme qui devient riche en gaspillant.
Pour être parfaite il ne lui manquait qu'un défaut.
La cosmétique est le principe du cosmos de la femme.
Qu'est-ce qu'un dépravé ? Quelqu'un qui a encore de l'esprit là où d'autres n'ont plus qu'un corps.
J'aime bien monologuer avec une femme. Mais je trouve plus stimulant de dialoguer avec moi-même.
Quand je me fais couper les cheveux, j'ai peur que le coiffeur me coupe une idée.
Une vie mécanique favorise la poésie intérieure, alors que l'environnement artistique la paralyse.
La démocratie divise les gens en travailleurs et en fainéants. Rien n'est prévu pour les gens qui n'ont pas le temps de travailler.
Le parlementarisme est l'encasernement de la prostitution politique.
Le journalisme ne fait que servir en apparence le quotidien. En vérité, il détruit la réceptivité du monde futur.
Un poète en train de lire, c'est comme voir un cuisinier en train de manger.
L'art sert à nous essuyer les yeux.
L'actrice est la femme élevée à la puissance, l'acteur est l'homme réduit à la racine.
L'homme politique est plongé dans la vie, on ne sait où. L'esthète fuit loin de la vie, on ne sait jusqu'où.
L'idée est un enfant de l'amour. L'opinion est reconnue dans la société bourgeoise.
Le journal est la conserve du temps.
Cherche désert pour mirage.
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