dimanche 16 décembre 2012

Jang Sun-woo - The Resurrection of the Little Match Girl (2002)

Resurrection of the Little Match Girl est le dernier film de Jang Sun-woo, le réalisateur phare sud-coréen des années 90. On lui doit des succès internationaux (Hwa-Eom-Gyeong en 1993) et surtout des films controversés très portés sur le sexe : To You From Me (du Bukowski sous soju), Bad Film (un faux documentaire-vérité sur des adolescents en roue libre) et Lies, ce dernier ayant subit les affres de la censure en Corée du Sud en raison de scènes scatologiques. Lies, film sur la relation SM entre un adulte et une adolescente, est même d'abord sorti en Europe jusqu'à ce que la Corée du Sud autorise sa sortie. C'est donc un réalisateur sulfureux qui réalise Resurrection of the Little Match Girl, adaptation à grand budget du conte d'Anderson, La Petite fille aux allumettes, revue à la sauce Matrix / jeux vidéo. Film le plus cher de Corée du Sud à l'époque, ce fut un four sans précédent. Après cela, Jang Sun-woo mit fin à sa carrière pour vivre sur l'île de Jeju et prier Bouddha.


Avec un budget record de 9,2 millions de dollars et plus d'un an de retard dans le montage et la post-production, The Ressurection of the Little Match Girl a causé la faillite de Tube Entertainment, obligé d'être racheté par CJ Entertainment. A ce titre, le film fait penser aux Portes du Paradis de Michael Cimino... On peut se demander pourquoi des producteurs ont choisi Jang Sun-woo pour réaliser un film de science-fiction à grand budget... Mais l'échec du film est-il imputable au seul Jang Sun-woo ?


L'histoire est donc une adaptation de La Petite fille aux allumettes dans une Corée du Sud high-tech dopée aux jeux vidéo. Le film commence par une séquence où une petite fille essaie de vendre des briquets dans la rue avant de mourir de froid. Cette séquence rythmera le reste du film. Ju, le personnage principal, aspire à devenir joueur de jeux vidéo professionnel, le summum de la "coolitude" qui plait aux filles. Il fréquente un cyber-café où travaille Hee-mee, qui a les mêmes traits que la petite fille aux allumettes. Un jour, la réalité et le monde du jeu-vidéo se brouille : Ju se retrouve plongé dans un jeu où il doit "protéger" la petite fille aux allumettes... c'est-à-dire la laisser mourir de froid ! Ju est alors confronté à des hordes de yakuzas... Ju pourra compter sur plusieurs alliés dont Lara, une "Lara Croft lesbienne".  Mais Ju décide d'outrepasser les règles du jeu et de sauver la petite fille aux allumettes... Il se retrouve alors pourchassé par "Le Système", la matrice qui contrôle le jeu (et le monde entier ?).

Ambiance jeu vidéo...
Jin Xing, la Lara Croft lesbienne.

Naviguant entre premier degré, film d'action et pastiche de Matrix, The Resurrection of the Little Match Girl est un film bancal. Sans compter que l'histoire elle-même n'est pas très stimulante. Visuellement, c'est exubérant comme des jeux vidéos. Les scènes d'action montrent des chorégraphies qui miment celles de Tigre et Dragon et Matrix... on a même droit à des séquences "bullet time photography" ! Autre anecdote : la "Lara Croft lesbienne" est jouée par Jin Xing, un Chinois devenu... Chinoise à l'âge de 28 ans.


On ne voit pas très bien où veut en venir Jang Sun-woo avec son film... Était-il sérieux ou voulait-il faire rire ? Sans compter sur les effets spéciaux qui ont assez mal vieillis... On comprend le flop commercial du film et l'acharnement des critiques... Après cela, Jang Sun-woo a essayé de rebondir en travaillant sur le film d'animation Princess Bari, projet abandonné... Jang Sun-woo a ensuite voulu tourner un documentaire sur la Mongolie, sans trouver de financement... Son retour dans le cinéma est plus qu'improbable. Restent des films excellents comme From Me To You et Lies, qui font de Jang Sun-woo un des réalisateurs sud-coréens les plus passionnant des années 90.

Une scène d'action façon Matrix.

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