mardi 26 juin 2012

Jean de Boschère, le mysticisme et la littérature

Voici quelques réflexions de Jean de Boschère, extraites de son Journal d'un rebelle solitaire (1946-1952). Jean de Boschère est notamment l'auteur de Satan l'Obscur (1933) et du recueil poétique Le Paria couronné (1956, posthume). Au programme : religion, mysticisme et littérature.

Jean de Boschère (1878-1953).

Dans tous les temps, embarrassés des crimes, des masques, des faiblesses déployées sous l’œil des Dieux tout-puissants, les devins et les autres ont inventé des esprits maléfiques. En lisant, hier, des pages écrites par un homme intelligent, je ne pouvais douter qu'il croit au démon, comme force autonome opposée à Dieu. En face de la libération et de l'amour, il voit une puissance cachée dans les ténèbres où naît la douceur et le crime, caché le principe du mal. L’Église est bien obligée de faire du Mal une sorte de Dieu puissant qui explique aux hommes obscurs les impuissances d'un autre Dieu qui regarderait ou veillerait même sur eux [...] Quand on a compris qu'il n'y a pas de mal, ni de morale, on regarde avec moins de crainte et de désespoir ce que dans nos siècles on appelle le mal. Avoir créé le Diable, ce Satan du pauvre, est un crime contre la libération de l'âme humaine. Ce que je nomme Démon est un ferment qui, par ceux qui en sont le véhicule, a fait tout ce qui est sur la route ou dans le voisinage de la beauté et de la grandeur.

LITTÉRATURE
Toute la vie de l'écrivain professionnel en dépendance psychologique (et physiologique !) de la littérature, alors que penser est la vie même, l'effort, la condition et l'effet de vivre, pendant que la littérature n'est qu'un accident... érigé en catastrophe.

SATAN, esprit de la négation et du néant ; il serait agent et partie même du néant. Celui-ci serait donc un tout, et de plus fractionnable. Quelles que soient  les formes qu'on lui attribue, c'est lui qui éclaire nos plus chères perspectives, qui relève de l'infamie le "péché" et la morale dont il est le fondement, qui nous protège contre les lois destructrices que nous imposent le triumvirat : théologie, philosophie classique et politique, qui semble avoir décrété pour toujours ce que peut l'homme, quelles seront ses limites, ses droits, ses amours.

REBELLES
Je ne crois qu'aux rebelles : c'est grâce à eux que s'accomplit notre pénétration de l'univers, jamais due aux adeptes d'une croyance ; la foi seule crée les rebelles constructeurs, dont bientôt les temples seront démolis.

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