mercredi 1 août 2012

Phyo Kwang et Maeng Cheol-min - Pyongyang Nalpharam (2006)

En 2006, année du 10ème festival international du film de Pyongyang, la Corée du Nord distribua seulement deux films : Journal d'une jeune Nord-Coréenne et Pyongyang Nalpharam. Ce dernier, réalisé par les illustres Phyo Kwang et Maeng Cheol-min, est un film d'époque qui narre la lutte d'un groupe de maîtres en arts martiaux contre l'envahisseur japonais, en 1910, année où la Corée fut annexée par le pays du soleil levant. Sans référence explicite au Juche (pas d'anachronisme !), le film exalte le patriotisme coréen et critique violemment les Japonais, dépeints comme des corrupteurs matérialistes et des brutes sans valeurs ni honneur. Ce discours anti-impérialisme japonais rapproche le film de The Sea of Blood (1968), Flames Spreading over the Land (1977), Mont Paektu (1980) et bien d'autres, malheureusement invisibles pour le commun des mortels.

Jong Thaek : un héros coréen qui ne frappe pas les femmes.
So Gyeon se bat à mains nues alors que les Japonaises utilisent une épée.

Le scénario de Pyongyang Nalpharam est simple : les Japonais ont envahi la Corée et veulent détruire la culture coréenne pour montrer leur toute puissance. Des irréductibles s'opposent à l'envahisseur : des maîtres en taekkyon, un art de combat ancestral proche du kung-fu. Pour contrer cette menace, les Japonais décident de s'emparer du manuel de combat du taekkyon. Sans manuel, les Coréens ne pourront plus apprendre cet art martial et les Japonais régneront en maître en Asie, grâce à leur technique de judo.

Entraînement de Pyongyang Nalpharam devant une cascade d'eau.
Mauvaise passe pour la Corée face au Japon.

Cette trame narrative est enrichie d'autres intrigues impliquant Jong Thaek, chef du groupe Nalpharam de Pyongyang, qui part à Séoul pour épouser So Gyeon, sa promise qu'il n'a pas vue depuis une dizaine d'années. En plus de cette intrigue matrimoniale, Jong Thaek profite de son séjour à Séoul pour rencontrer maître Jidam, qui détient le fameux manuel de taekkyon. Jong Taek devra alors le cacher pour éviter qu'il tombe entre les mains des Japonais. Mais rien ne se passe comme prévu. Jong Thaek croisera sur son chemin l'amour, la trahison, l'espoir, la colère, l'échec, la honte... Réussira-t-il à protéger le manuel et à sauver un art coréen ancestral ? Épousera-t-il So Gyeon ? Expulsera-t-il les Japonais hors du pays du matin calme ?

Paysages de Corée du Nord.

Pyongyan Nalpharam dure plus de 1h40, ce qui est beaucoup pour un film nord-coréen. Pour une histoire d'arts martiaux, il comprend peu de scènes de combats : à part quelques taquineries entre deux personnages, il y a seulement deux grandes scènes de combats, dont la scène finale bien méchante où les judokas nippons se font mettre à l'amende. Et un combat entre deux filles ! Ces scènes sont compilées dans ce montage vidéo. Comme dans les films des Shaw Brothers, les personnages volent dans les airs.

Baston finale entre Jong Thaek et les judokas japonais.

En 2011, le Taekkyeon, "un art martial traditionnel coréen" a été inscrit par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. En 1983, la Corée du Nord avait déjà reconnu le taekkyeon comme patrimoine culturel intangible important du pays.Plus d'informations sur cert art martial ici.

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