lundi 27 août 2012

Kim Song-gyo - On the Railway (1966)

On the Railway (철길우에서) est un film nord-coréen sur la guerre de libération nationale opposant la Corée du Nord à la Corée du Sud, soutenue par les États-Unis et l'ONU. L'action se déroule à l'automne 1950, soit quelques semaines après le début du conflit : selon le régime de Pyongyang (comme on le verra plus tard), le gouvernement sud-coréen, aidé par les États-Unis, a commencé les hostilités le 25 juin 1950, en franchissant le fameux 38è parallèle. D'après les historiens, c'est plutôt l'inverse qui s'est passé...

In Ho entouré de deux militaires américains.

Dans On the Railway (visible ici), les populations de Corée du Nord évacuent les villes pour se protéger des bombardements et du pillage des Américains. Malheureusement, In Ho, un chauffeur de train transportant de l'armement pour l'Armée populaire, se retrouve prisonnier des Américains. Il va alors feindre de se rendre à l'ennemi pour mieux l'attaquer, provoquant, parmi ses amis incrédules, le plus grand mépris. Ceux-ci comprennent bientôt qu'In Ho mène un double jeu pour espionner les convois ferroviaires de l'ennemi et favoriser le sabotage. In Ho et ses compagnons sont donc obligés d'évoluer parmi les Américains, dépeints comme des brutes cruelles désorganisées. Dans ce film de guerre bien rythmé et bien filmé (le film est moins kitsch que les productions des années 1980-1990), In Ho est le symbole du dévouement éternel pour sauver la démocratie et la liberté face à l'envahisseur impérialiste.

L'ennemi américain qui ne sourit jamais.
Occupation impérialiste sur le sol coréen.

Revenons maintenant sur l'histoire de la guerre de Corée (1950-1953), appelée guerre de Libération nationale par la Corée du Nord, en citant trois discours de Kim Il-sung. Ceux-ci sont probablemement antidatés afin de justifier a posteriori la guerre mais ils sont intéressants pour donner la vision qu'ont les Nord-Coréens de la guerre. Les États-Unis sont vus comme le plus grand ennemi du pays, empêchant la réunification entre le sud et le nord. Cette version de l'histoire est la trame de tous les films de guerre nord-coréens.

Un soldat américain maîtrisé par un civil nord-coréen.

Dans son discours prononcé le 25 juin 1950, Anéantissons les envahisseurs par une riposte résolue, Kim Il-sung affirme : "aujourd'hui à l'aube, l'armée fantoche de la clique traîtresse de Syngman Rhee a lancé une attaque armée par surprise contre la moitié nord de la République sur toute la ligne du 38è parallèle [...] La clique fantoche de Syngman Rhee directement manipulée par l'impérialisme américain avait depuis longtemps préparé son attaque contre la moitié nord de la République [...] Notre peuple ne veut ni redevenir l'esclave colonial de l'impérialisme ni céder à personne les libertés et droits démocratiques qu'il a déjà conquis [...] Si notre Armée populaire est numériquement inférieure à l'ennemi, elle n'en a pas moins une puissance incomparable à celle de l'ennemi".


Le lendemain, dans un discours radiodiffusé, Canalisons toutes nos forces pour gagner la guerre, Kim Il-sung en rajoute une couche sur la manipulation du gouvernement sud-coréen par les États-Unis au détriment du peuple : "les impérialistes américains ont entièrement disloqué l'économie nationale de la moitié sud après s'être emparés des leviers de commande de son économie. ils pillent le riz, tungstène, le graphite et beaucoup d'autres ressources naturelles dont notre pays a un besoin vital [...] La population sud-coréenne est en détresse et souffre de la famine".

Le plus beau plan d'On the Railway.

La diatribe anti-américaine prend plus d'ampleur dans le discours de Kim Il-sung du 8 juillet 1950, Repoussons résolument l'attaque armée des impérialistes américains : "les impérialistes américains, rêvant de dominer le monde, veulent coloniser notre patrie pour toujours et asservir notre peuple [...] Les bandits américains pensent que le peuple coréen n'est destiné qu'à être un esclave colonial qui doit travailler à remplir de dollars les bourses des marchands de guerre de Wall Street [...] Les sauvages agresseurs impérialistes américains, qui ont arrosé le sol de notre patrie du sang du peuple, seront maudits non seulement par nous mais aussi par nos enfants, pour toujours, et de génération en génération".

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