samedi 25 août 2012

Kim Kil-in - Hong Kil Dong (1986)

Hong Kil Dong est le Robin des Bois coréen. Ce personnage a été inventé à la fin du 16ème ou au début du 17ème siècle par Heo Gyun, un homme politique et écrivain de la dynastie Joseon (1392-1897). Libéral et progressiste, Heo Gyun a connu une carrière politique mouvementée puisqu'il a été exilé à plusieurs reprises pour avoir participé à des querelles politiques. il a finalement été exécuté pour trahison. Son œuvre littéraire majeure, Les Contes de Hong Kil Dong, a été adaptée au cinéma à la fois par la Corée du Nord et la Corée du Sud. L'histoire d'un fils illégitime qui vole aux riches pour donner aux pauvres devait forcément intéresser le régime du Juche. Le film de Kim Kil-in est visible ici.

Le jeune Hong Kil Dong et sa mère.

Hong Kil Dong est le fils illégitime d'un ministre et d'une femme non noble. Les concubines sont pourtant reconnues mais là où le bât blesse est que la concubine ne fait pas partie de la classe dominante. La vie de famille est donc plutôt cocasse : le ministre, sa femme, son fils légitime, sa concubine et Hong Kil Dong vivent donc sous le même toit ! La femme légitime condamne cette situation déshonorante et voue une haine infaillible à la concubine et son bâtard de fils. Malgré cette ambiance familiale électrique, le jeune Hong Kil Dong montre très vite les signes d'une grande intelligence : il est plus doué que son demi-frère, avec qui il s'entend pourtant très bien. Mais un jour, la femme légitimer du ministre fait exécuter Hong Kil Dong et sa mère. Le père de cette dernière, un expert en arts martiaux, les sauve de l'attaque des brigands. Impressionné par les techniques de combat de son grand-père, Hong Kil Dong décide de vivre avec lui et sa mère dans la montagne afin de devenir un grand combattant.

La classe dominante de la société féodale de la dynastie Joseon.

Alors que Hong Kil Dong et sa mère vivent tranquillement dans la montagne pendant une dizaine d'années, tout le monde les croit morts. Les brigands se sont bien  gardés d'avouer leur échec. Un jour, alors qu'il vend un élan à un aubergiste de la montagne, Hong Kil Dong rencontre à nouveau les brigands. Devenu expert en arts martiaux, il les met facilement en déroute. Les brigands n'avait pas les mains vides : il détenait la fille d'un futur ministre. Sauveur de la jeune fille, Hong Kil Dong va bientôt réapparaître dans la société, à la grande surprise de son père, toujours ministre. Toujours rejeté par sa belle-mère et par le reste de sa noblesse (il devait épouser la jeune fille qu'il a sauvé), Hong Kil Dong fuit sa famille pour parcourir le pays. Choqué par la corruption des élites et l’asservissement des paysans, il décide de sa battre. En luttant contre l'injustice, il devient rapidement un héros populaire.

Hong Kil Dong et son grand-père sur la montagne.
Superbes paysages de Corée.

Les circonstances font que Hong Kil Dong s'attaquera contre un groupe de brigands étrangers qui ont enlevé des femmes et volé le trésor personnel du Prince. Malgré cela, le Prince refuse que Hong Kil Dong épouse la fille d'un noble. Il refuse également de l’anoblir. Hong Kil Dong décide finalement de quitter la Corée pour vivre avec sa future femme et des amis dans "un pays harmonieux ou les hommes sont tous égaux et où la pauvreté n'existe pas". "Un tel pays existe-t-il ?" demande naïvement le narrateur ? Mais oui, c'est la République démocratique populaire de Corée.

Bagarre entre Hong Kil Dong et un brigand.
Hong Kil Dong, sa femme et sa mère à la recherche d'un monde meilleur.

Hong Kil Dong est un bon film qui bénéficie d'une très belle photographie, d'un scénario solide et scènes de combat bien chorégraphiés : comme dans les films de la Shaw Brothers, les personnages volent dans les airs et les bruitages pourraient être samplés par le Wu-Tang Clan. Le message de lutte des classes est bien traité, notamment à la fin du film où Hong Kil Dong préfère quitter le pays plutôt que d'affronter le système féodal, dépeint comme un système conservateur et sclérosé par des ministres corrompus. Pourtant, le film prend soin de ne pas faire du Prince un être mauvais : il est décrit comme une personne voulant faire le bien du peuple mais trompé par son entourage. On n'attaque pas ainsi la dynastie Joseon, qui a tout de même régné sur la Corée pendant près de 500 ans. Mieux vaut attaquer les impérialistes japonais et américains.

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