Avec
For Love's Sake, Takashi Miike adapte une nouvelle fois un manga :
Ai to Makoto. Très populaire dans les années 70, ce manga a déjà été adapté à l'écran à plusieurs reprises : une série TV en 74-75 et trois films entre 1974 et 1976. Trente-six ans plus tard, le stakhanoviste de la pellicule Takashi Miike décide de s'y mettre. Depuis quelques années, Takashi Miike adapte beaucoup de mangas et de dessins animés :
Crows Zero,
Crows Zero 2, Yatterman,
Ninja Kids! et donc
Ai to Makoto. A ce rythme-là, Takashi Miike sera plus connu pour ses adaptations de manga que ses films de yakuzas.
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Une des meilleures scènes du film : danse dans un bar à hôtesses. |
Ai to Makoto raconte l'histoire d'amour entre Ai Saotome, une fille d'une famille riche, et de Makoto Taiga, un jeune bagarreur d'une famille pauvre. L'amour d'Ai (qui signifie justement "amour") pour Makoto (qui signifie "fidélité") remonte à l'enfance, le jour où le jeune garçon a porté secours à Ai, qui skiait tout schuss sur une piste noire sans pouvoir s'arrêter. Ce geste héroïque n'est pas sans conséquence pour Makoto : celui-ci se blesse au front, lui laissant une large cicatrice pour le reste de sa vie. Ai tombe immédiatement amoureuse de son nouveau "chevalier" mais celui-ci lui témoigne son hostilité : il lui explique que s'il avait su qu'elle était la fille d'une famille riche, il ne l'aurait pas secourue. Dix ans plus tard, Ai et Makoto se retrouvent à Tokyo. Si la jeune fille est une lycéenne modèle, Makoto passe son temps à cogner tout ce qui bouge (y compris des yakuzas) et se retrouve dans un lycée de cas sociaux.
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Emi Takei dans le rôle de la samaritaine Ai Saotome. |
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Satoshi Tsumabuki dans le rôle du mauvais garçon torturé Makoto. |
Toujours éperdument éprise de Makoto, Ai demande à son père (homme riche et respecté) de faire intégrer le jeune délinquant dans un lycée prestigieux (genre Janson de Sailly). Ai espère ainsi éloigner de la violence (douce vision rousseauiste) et gagner enfin son amour. Peine perdue : le rebelle sans cause frappe un professeur dès le premier jour. Il est donc expédié au lycée Hanazono : le lycée de cas sociaux où ne règne que la violence. Makoto va vite marquer son territoire en s'attaquant à un puissant gang de filles, dirigée par la teigne Gumko (interprétée par Sakura Ando, cheftaine de la secte Zéro dans
Love Exposure de Sono Sion). Makoto va ensuite fréquenter Yuki, une lycéenne mystérieuse au visage d'ange triste... De son côté, Ai ne désespère toujours pas de conquérir le cœur de Makoto.
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Sakura Ando à la tête d'un gang de jeunes filles. |
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Ito Ono, 17 ans, dans le rôle de la mystérieuse Yuki. |
Avec For Love's Sake, Takashi Miike renoue avec un genre qu'il avait déjà abordé en 2001 avec La Mélodie du malheur : la comédie musicale. For Love's Sake contient six ou sept chansons kitschissimes qui s'intègrent plutôt bien au film. Comme dans le récent Ace Attorney, les décors du films sont un des points forts du film, surtout le lycée Hanazono et le bar à hôtesses dans lequel travaille brièvement Ai. Miike a toujours quelques éclairs de génie dans la mise en scène. C'est le cas dans la scène littéralement théâtrale dans laquelle Yuki raconte son enfance. Simple et efficace. En son temps, Seijun Suzuki aurait pu imaginer une telle mise en scène.
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Joli décor de studio. |
Malgré ces bons points, For Love's Sake est loin d'être une grande réussite. Le film est trop long (2h13) et souffre de plusieurs baisses de régime. Surtout, c'est le scénario qui n'est pas très stimulant. Miike s'attache surtout à raconter la bluette entre Ai et Makoto et à filmer des bagarres ennuyeuses (heureusement moins longues que Crows Zero). Miike fait l'impasse sur l'élément fondamental de l'incompréhension entre Ai et Makoto : les différences sociales. Dommage. For Love's Sake est donc un film moyen, ce qui est devenu la norme pour Takashi Miike depuis de longues années.
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