Punk studieux - exégèse érotique - cinéma japonais - cinéma de Corée du Nord - littérature exigeante - nihilisme toxique
samedi 27 septembre 2008
James Hyde vs Keith Richards
Mae Murray: the lady with bee-stung lips
Mae Murray: "Quand vous devenez une star, vous l’êtes pour toujours".
The lady with bee-stung lips. Quiconque voit une photo de Mae Murray ne peut être que frappé par les lèvres peintes qu’elle arbore de façon provocante. Une vamp des années 20, une vamp du cinéma: the gardenia of the silver screen.
Cette beauté quasi-insoutenable choisit la danse pour se faire un nom. En 1908, elle rejoint à New York la troupe des Ziegfeld Follies, l’équivalent américain des Follies Bergères. En 1915, danseuse vedette de la troupe, elle atteint la consécration le soir de la première.
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Cette nuit-là, aux portes du New Amsterdam Theater de New York, la circulation est bloquée, des milliers de spectateurs sans billets font le pied de grue. Dans la salle, parmi bien d’autres, Randolph William « Citizen Kane » Hearst est venu admirer sa tendre et chère Marion Davies.
Levée de rideau.
En princesse perse, vêtue de légères étoffes, Mae Murray exécute en solo la danse d’ouverture: une danse de séduction qui se transforme en danse de mort. Après avoir papillonné autour d’une piscine, la princesse perse monte un escalier en colimaçon et chute d’une haute muraille. Pour sa deuxième danse, elle apparaît devant un écran de cinéma qui diffuse des images de la guerre de Sécession tournées par W.C. Fields. Elle danse au milieu d’un champs de bataille. Prémisses de sa future carrière cinématographique ?
Dans les coulisses, après la représentation, un certain Rodolph Valentino, pédéraste gigolo, offre à Mae Murray un bouquet de fleurs. Quatre ans plus tard, ils sont réunis à l’affiche de Delicious Little Devil. Ils sont superstars.
Les mariages successifs de Mae Murray aident sa carrière en même temps qu’ils causent en partie sa perte. Encore adolescente, son premier mariage avec le fils d’un millionnaire et son divorce quelques mois plus tard lui assurent une rente considérable.
En 1916, elle se lie à Jay O’Brien, champion de bobsleigh et producteur, connu sous le surnom de « Beau Brummell de Broadway ». Cette courte union lui permet de trouver ses premiers rôles.
C’est surtout son troisième mari, Robert Z. Leonard, réalisateur en vue de Hollywood, qui l’introduit dans le cénacle du cinéma. Ils tournent plusieurs films ensemble jusqu’à leur divorce en 1925.
Dans les années 20, le cinéma de Hollywood surpasse tous les arts. Grâce à des réalisateurs, et surtout des actrices, qui profitent du culte de la personnalité naissant. Pensez-vous! Betty Blythe, Vilma Banky, Louise Brooks, Clara Bow, Claire Windsor, Alice White et tant d’autres. Sans parler de Barbara La Marr, cette passerelle entre la Salomé fin-de-siècle et la flapper du Jazz Age américain.
Les Calorifères ne rivalisent pas avec les Néons.
Situons Mae Murray.
Héroïne stendhalienne, elle eût surpassé Mathilde de la Mole.
A sa rencontre, Breton eût jeté Nadja et son infâme livre éponyme dans la Seine.
Artaud eût brisé à la chaîne des tables d’ébène et d’acajou.
Satie aurait eu le regard malicieux qu’on lui connaît.
A la vue d’une seule mèche de ses cheveux cendrés, Bernanos eût déclaré la guerre à la Californie et se serait fendu d’allocutions radiophoniques plus exaltées qu’à l’habitude.
Mais cette histoire se passe en Amérique et la France se console de ses actrices de boulevards.
La mode est à l’image savamment entretenue des tentatrices lubriques et des salopes hollywoodiennes inaccessibles. Actrice du muet et ultra-mondaine, Mae Murray n’est qu’un corps érotique, une croupe à cambrer, des lèvres à peindre et des pommettes à poudrer. Un rang à tenir.
Sur Sunset Boulevard, vêtue d’une robe de plusieurs milliers de dollars, Mae Murray marche comme à son habitude la tête haute, le regard vers les étoiles. Les caniveaux n’existent pas. Le mot d’ordre: Golden Age. Pour l’actrice, l’expression n’est pas une métaphore. À New York, des clients médusés de Tiffany’s voit la Princesse acheter ses bijoux en échange de petits sacs remplis de poudre d’or.
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En 1924, pour sa dernière collaboration avec son mari Robert Z. Leonard, Mae Murray joue le rôle d’une Circé moderne dans Circe the Enchantress. Un rôle de composition ? Séduite par un triste sire alors qu’elle est une innocente jeune fille dans un couvent, elle décide de se venger de tous les hommes. Saisie de repentir au milieu d’une orgie, elle se précipite vers son couvent avant d’être renversée par une voiture et frappée de paralysie. Hollywood oblige, le film, qui jusqu’alors passait pour un conte gentiment sadien, se termine par cette parole christique du héros : « Lève-toi et marche ! »
D’autres scènes d’orgie attendent Mae Murray, pour un film bien plus ambitieux dirigé par un génie dont aucun film intégral n’a survécu.
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Mae Murray fut imposée à Erich von Stroheim pour The Merry Widow. La rencontre entre les deux mégalomanes se passe mal. Chacun veut diriger le film à sa manière et quitte le plateau à tour de rôle. Le tournage s’éternise. Un jour, Mae Murray rattrape son partenaire John Gilbert en courant nue hors du plateau. Une ambiance dissolue qui reflète l’ambiance du film où se côtoient danseuses légères, aristocrates sadiques et fétichistes amateurs d’orgies. Un pandémonium de sperme et d’alcool.
Certains esthètes imaginent aujourd’hui la carrière du noble allemand s’il avait été réalisateur de films pornographiques. Une scène probable: un pénis très dur massé d’une main de fer recouverte d’un gant de crin pour une éjaculation teintée de sang.
Si tous les films de « Von » sont amputés des trois-quarts de leur pellicule, on peut néanmoins admirer ici Mae Murray dans son plus beau rôle. Sûrement le plus beau car il ressemble le plus à la vie rêvée de l’actrice. Le film connaît un succès public immense et une recette de 4,5 millions de dollars au bout de deux ans.
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En 1933, Mae Murray est ruinée. Ses plus beaux jours ont passé. Le cinéma parlant passe le muet sous silence. La plupart des actrices phares des années 20 ont arrêté leur carrière de gré ou de force. Pour Mae Murray, la chute est dure.
Les nouveaux propriétaires de son ancien appartement luxueux de New York lui permettent de vivre dans la chambre de bonne. Une nuit, la luciole de l’Âge d’or est arrêtée pour vagabondage quand elle est découverte endormie sur un banc, dans Central Park.
Elle meurt en 1965, ayant vécu jusque là de la charité d’anciens nababs de Hollywood.
Se remémorant ses années de gloire, Mae Murray confia un jour à Kenneth Anger : « On aurait dit que nous étions comme des libellules, suspendues au-dessus d’un étang : on nous croit glissant sur l’air sans effort, mais en réalité nos ailes vibrent au point d’être invisibles. »
vendredi 26 septembre 2008
R.E.P. Anita Page (1910-2008)
"GLENN ABBOTT: Because he is one of the most influential of the Washington political group, with a distinguished career behind him ; because his diplomatic work in South America proved him a forceful executive ; and finally because his friends call him "Dynamite"".
Anita Page: "La pose de l'ingénue, ça plait aux hommes, non ? Et en écolière, ça peut s'exporter au Japon !" |
Joan Crawford: "Regardez ces photos extraites de mes premiers films, Lèvres de Velours, Caresses Affolantes ou Pêle-mêle Polisson ! Pas mal, non ? |
Kentucky: "Mais on voit rien ici ! Mehr licht, mehr licht ! J'ai lu ça dans une biographie de Goethe..." |
Quand Anita Page joue de la guitare et nous montre ses jambes, Douglas Fairbanks Jr ne pipe mot. |
Lieu commun : les hommes sont des salauds. Dans ce film c'est tout le contraire ! Voici venir le temps enthousiasmant des femmes modernes. |
L'amour saphique, le vrai. Cinq ans plus tard, avec le code Hays, ce plan splendide aurait été coupé. |
Pierre de Régnier, acte 2
Ce livre est largement autobiographique et l'on n'a pas de mal à s'en convaincre quand on connait un temps soit peu la vie de Pierre "Tigre" de Régnier, farouchement méconnu (pour le contentement snobinard méprisable de ses admirateurs).
Le résumé du livre est délibérément succinct car il ne se passe à vrai dire rien pendant 200 pages - à part cuites et conséquences (Cuites et conséquences, beau titre de roman !). Il s'agit d'ambiance, comme dans le Penses-tu réussir! de Jean de Tinan, amant de la mère de Pierre de Régnier pendant quelques heures, et dont Pierre aurait aimé être le fils... mais "il n'est que" le fils de Pierre Louÿs, s'il on peut dire. Pierre de Régnier rend d'ailleurs un hommage implicite à Tinan au chapitre 7.
Tinan dans Penses-tu réussir!:
"(J'aime autant vous en avertir tout de suite: on fumera beaucoup de cigares dans ce livre, et d'innombrables cigarettes. Mais c'est comme cela.)"
Régnier dans La Vie de Patachon :
"Ici, lecteur, une parenthèse, si vous le permettez.
Comme vous avez pu le constater, on boit beaucoup, dans cet ouvrage, et on prend beaucoup de bains ; l'élément liquide y joule un rôle important ; on fume énormément de cigarettes, on y fait quelquefois l'amour et on y parle peu. La jeunesse moderne a acquis une réputation bien établie de stupidité ; d'où la présence continuelle du gramophone, chez les femmes d'aujourd'hui, qui les empêche de parler, ou plutôt, qui comble agréablement leurs nombreux silences ; d'où ces longs passages sans un mot, dans le présent livre, plein de descriptions de l'atmosphère des réveils à six heures du soir, et des lentes toilettes parfumées ; voici le point de vue des personnes raisonnables."
Régnier a aussi l'art des titres (comme Jean de Tinan), qui rapproche son livre du conte, avec un certain humour. Ainsi le titre du chapitre 12 : "Comment Fifi-Biquer, à la suite, d'une idée de génie, précipite les catastrophes". Et, surtout, le titre du chapitre 11, qui intervient après 150 pages et cinq mois de fêtes ininterrompues et de dépenses vestimentaires et éthyliques (tout cela sans travailler, bien sûr) : "L'Argent". C'est d'ailleurs dans ce chapitre (un monologue intérieur d'Emma Patachon) que l'héroïne se pose la question d'entre toutes les questions (en ce temps de pouvoir d'achat en berne - et non pas de pouvoir d'achat à Berne): "Pourquoi les hommes que j'aime sont-ils tous fauchés ?" Emma, si tu savais! (titre de mon prochain roman, peut-être...)
Que lit-on dans ce livre ?
On note une réplique qui siérait à un film de Marcel Carné sur des jeunes oisifs mondains (occasionnellement) fumeurs d'opium : "Parole d'honneur, chérie... Je vois des pagodes..." Dernière phrase du chapitre 11. La Vie de Patachon ferait d'ailleurs un très bon film. qui serait aux années 20 ce que Les Tricheurs sont aux années 50. Avis aux réalisateurs. Peut-être qu'Édouard Baër, préfacier de réédition au Castor Astral, peut remédier à cette requête ?
Verdict ?
Le roman de Pierre de Régnier donne envie d'écouter des rag-time, de boire du champagne et d'embrasser des jeunes filles en fleur à pleine langue. C'est déjà beaucoup.
Mais tout est-il si simple et si gai dans le monde de Pierre de Régnier ?
"Il prit un troisième whisky et se complut dans un état d'âme exagérément désabusé..."
Phrase extraite au hasard (qui fait toujours bien les choses, n'est-ce pas ?) des vingt dernières pages du livre. Car... Car, tout ceci (fêtes, hédonisme, ardoises à cinq chiffres dans de nombreux bars et palaces de Paris, alcoolisme mondain, lassitude et superficialité) finit dans une très grande tristesse et une monotonie dignes des lendemains de cuites sévères justement tant de fois narrés dans ces pages. Oui, Pierre de Régnier est attachant. Oui, faire la prendre et prendre des cuites est amusant. Oui, La Vie de Patachon est un livre finalement vraiment triste. Qui fout le cafard. Pendant plusieurs minutes. Triste et beau comme une ballade de The La's ("Over" ou "All by myself" pour les citer). D'ailleurs (d'ici, plus exactement) se lamenter sur la brève œuvre de Pierre de Régnier revient à se lamenter sur celle de The La's.
Comme l'écrit Matthieu Messagier: "J'ai sacrifié mon talent sur l'autel de l'oisiveté". C'est pour ça que j'ai toujours (soyons franc, depuis que j'ai lu cette phrase de Messagier) juré de sacrifier mon oisiveté sur l'autel du talent. Mais c'est beaucoup plus difficile ; et je l'admets sans avoir à citer Nietzsche.
Pierre de Régnier a vécu aux crochets de ses parents et des barmen (aphorisme placé au hasard, que vous pourrez placer à votre tour au hasard d'une soirée sans avoir lu Pierre de Régnier et sans dire que c'est de moi - la vie est formidable).
Pierre de Regnier, acte 1
JAZZ
Le saxophone est une chèvre suraiguë,
La flûte est un cabri qui saute sur un toit,
Le piano est une chose continue,
Le tambour rebondit et je danse avec toi.
Tu es vraiment gentille et tu es presque nue
Dans ta robe qui a l'air de je ne sais quoi,
Et le violon est un vieux chanteur des rues
Tombé là dans ce jazz on ne sait pas pourquoi.
Je tourne tellement que je ne vois personne,
Nous sommes transpercés par les sons du trombone
Et le linoléum tremble sous mes talons ;
Les applaudissements déchaînent le silence,
Mais le bruit des soupers est plus fort que la danse
Sous les ventilateurs qui rythment le plafond.
CONSIDERATIONS
Je suis un personnage étrange,
Réaliste et paradoxal,
J'aime les pyjamas oranges,
L'amour, le chypre, les Pall-Mall.
J'aurai fait toutes les folies
Qu'on a pu faire à vingt-trois ans ;
Les femmes sont toujours jolies
Quand on est tendre et inconstant !
Mes malheurs sont inconcevables
Car je suis toujours en retard,
Mes amours incommensurables
Et mon cœur est un grand bazar.
Mon bonheur n'a pas de limites,
Je suis gai, philosophe et fou ;
Aussi je prends beaucoup de cuites
Et le hasard arrange tout.
Je bois mes nuits mélancoliques
En vieux noceur désabusé ;
Mes aurores sont romantiques
Et mes regrets désespérés...
Et quand, dans le matin qui passe,
Je me vois au soleil levant,
Je m'engueule devant la glace
Et je m'adore en m'endormant !
CARLTON
Chauffeur, chasseur, concierge ; et puis, porte tournante ;
Obscurité vert-mousse et parfums d'ascenseur ;
Malles devant la porte ; on peut entrer ? Attente...
- Comment ça va depuis le "Jardin de ma sœur" ?
Lit défait. Souvenirs de la veille, et douceur
Des réveils où le soir entre par une fente
Des volets entr'ouverts ; peau tiède ; odeurs mourantes,
Bruits de l'après-midi, salle de bains, coiffeur...
J'ai vu ton corps d'hier ployer sur tes babouches,
J'ai mangé du Guerlain tout autour de ta bouche
Et j'ai bu la luxure au fonds de tes yeux noirs ;
Et j'ai pu respirer, volupté qui embaume,
Le bruit délicieux que font les souliers jaunes
Dans la clarté propre et sonore des couloirs.
Dans La Femme, édité dans la formidable collection "L'Homme à la page" - guides utiles à ceux qui veulent vivre la belle vie (qui comprend notamment Le Cigare par Eugène Marsan et Le Casino par Francis de Miomandre), Pierre de Régnier excelle dans l'ironie, le sarcasme, le bon mot et l'interpellation du lecteur:
"Lecteur, je vais vous faire un aveu: j'ai hâte d'avoir fini ce chapitre, Mme de Morreuil m'assomme."
"Écoute-moi, mais écoute-moi donc, nom de Dieu ! Fais tout ce que tu voudras, fais des dettes, fais des bêtises, cherche des choses impossibles, comme le bonheur, par exemple, ou des chevaux qui gagnent, ou un numéro plein, prends des cuites, marie-toi, à la rigueur, mais ne soit jamais aimé !..."
"Or, un soir, il fit une funeste découverte, qui fut lourde de conséquences: il s'aperçut qu'Alice était très excitante."
Sa méchanceté est exquise:
"Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu'on est toujours le premier amant d'une femme du monde. Mais cette fois-ci ce devait être vrai."
Sa peinture de mœurs est fine, ainsi ce passage sur le snobisme:
"Il y a chez les femmes, plusieurs sortes de snobismes dont le plus redoutable est certainement le snobisme littéraire. Les autres sont plus anodins: il y a le snobisme de la femme incomprise, la "femme-trompée-par-son-mari-et-à-qui-cela-est-complètement-égal", le snobisme de la femme qui a toujours besoin de bonheur (assez dangereux) et enfin le snobisme le plus répandu, qui pourrait se résumer ainsi:Ne parler qu'anglais,
Maigrir de trois kilogs,
Déjeuner au Ritz (Vendôme side)
(ne rien manger)
Golf
Coktail-party
Dîner aux Ambassadeurs
(ne rien manger)
et passer le week end à "Le Touquet"."
Moralité : Pierre de Régnier est le Jean de Tinan ou le Brett Easton Ellis des Années Folles, et c'est très bien ainsi.
Mais je vais finir les citations sinon cet article va ressembler à un roman de Philippe Sollers. Remarquez, il n'a pas tout à fait tort, ce Philippe, malgré les odeurs de rombières fanées du 7è arrondissement de Paris qu'il émane à toutes les pages. Quand on peine à gribouiller ses deux cents pages semestrielles, autant demander de l'aide à des nègres - et non des moindres: Rimbaud, Nietzsche, Hölderlin ou Artaud. Léopold Senghor attendra ! M'enfin...
Encore quelques unes, tout de même (Sollers m'a vampirisé et j'en suis mordu):
"La tristesse des terrains de golf parut à Bernard une chose infinie..."
"Bernard eut l'impression de vivre entre les pages de Vogue ou du Jardin des Modes et se sentit terriblement moderne."
Pierre de Régnier a aussi écrit La Vie de Patachon, un roman qui fera le sujet d'un prochain billet. Récemment réédité, le livre est préfacé par Edouard Baër. Ce qui me fait écrire cet aphorisme contemporain :
Édouard Baër préface Pierre de Régnier, Frédéric Beigbeder Henry Miller.
Lecteur, sauras-tu reconnaître la figure de style que je viens d'employer, popularisée en son temps par Racine ?
Pierre de Régnier, son style. Pour retrouver autant de simplicité, de spontanéité et d'autocritique au XXè siècle, il fallut attendre le punk dans les années 70. Opinion à débattre qu'il n'est pas la peine de débattre. C'est un amateur éclairé des Buzzcocks qui écrit, d'accord ? Faut-il continuer ?
Je suis prêt à citer "I don't mind" (2 minutes et 18 secondes avec premier refrain à la vingtième seconde et deuxième refrain à la trente-neuvième seconde), "Orgasm addict" (2 minutes et 1 seconde) ou "Fiction romance" (4 minutes et 27 secondes).
Mais (Maurice Barrès m'aurait provoqué en duel sur un pré lorrain fraichement coupé pour avoir commencer une phrase par cet adverbe - je prends le risque post-mortem) je sens que la plupart ont décroché dès le deuxième poème (ou l'énième parenthèse) donc j'arrête là, encore hanté par le parfum de cet alexandrin sublime :
"J'ai mangé du Guerlain tout autour de ta bouche"