Extraits d'un entretien avec le réalisateur japonais Koji Wakamatsu publié dans le numéro 21 de Midi Minuit Fantastique. Les scans complets de l'entretien sont disponibles sur le blog http://bxzzines.blogspot.com.
Que faisiez-vous avant de faire du cinéma ?
J'étais gangster.
Quelle sorte de gangster ?
Je participais à une organisation de gangsters à Shinjuku, un quartier de Tokyo. Un jour, j'ai été arrêté et mis en prison. Là, je n'ai cessé de penser, de réfléchir à toutes sortes de choses... C'est ce qui m'a décidé à faire du cinéma.
Quels ont été vos premiers contacts avec le cinéma ?
C'est très simple : au Japon, quand une grosse compagnie tourne des extérieurs en ville, elle est obligée de passer par l'organisation des gangsters du quartier choisi, qui s'occupe des camions, autobus, figurants, etc... Si les gangsters ne sont pas contactés ou s'ils ne reçoivent pas l'argent demandé, il arrive des tas d'accidents lors du tournage... Par exemple, l'éclairage tombe en pane, etc... C'est donc tant que gangster que j'ai eu mes premiers contacts avec le cinéma.
En fait, c'est du racket... Mais, à part ça, le cinéma vous intéressait-il ou bien n'était-ce qu'une affaire de gangstérisme ?
J'ai commencé à m'intéresser au cinéma vers l'âge de treize ans. J'allais davantage au cinéma qu'à l'école, je séchais les cours...
Quels films aimiez-vous à l'époque ?
Je voyais n'importe quoi. J'ai vu les films les plus mauvais du Japon !
A cette époque aviez-vous déjà fait connaissance avec les films érotiques ?
Quand j'allais au cinéma, je n'imaginais pas que j'allais devenir metteur en scène. J'y allais parce que cela m'amusait. Et je n'ai pu voir de films érotiques qu'en mentant sur mon âge.
Quels motifs ont entraîné votre carrière ver le sexe ?
Cela date de la puberté, quand je me suis révélé à moi-même...
Tout votre passé cinématographique est-il centré sur les "éroductions" ?
Non, auparavant j'ai fait des films pour la télévision pendant deux ans.
Pourquoi êtes-vous un cinéaste indépendant et ne vous êtes-vous pas intégré au système des cinq grosses compagnies ?
Ces compagnies vous imposent trop de restrictions. J'ai voulu être libre.
Mais de toutes façons, vous respectez les restrictions imposées par la censure ?
Effectivement. Comme vous le savez, la censure a deux gros tabou : le sexe, que l'on ne peut pas montrer, et le coït. Si je les incluais dans mes films, ce serait pour montrer la beauté, la grandeur et la puissance de l'Amour. Mais ce genre de raisons ne seront jamais acceptées par les commissions de censure... Très souvent, l'on me coupe des scènes de descriptions de corps. Pour moi, la violence, le corps et le sexe font parte intégrante de la vie et forment le dynamisme de l'existence de l'humanité. Si je veux exprimer ceci par mes films, les autorités me censureront. Du point de vue du créateur, je ne puis marquer mon accord et je m'insurge contre cela de toutes mes forces. Les films que je produis sans les réaliser suivent également la même idée directrice. Dans le cadre de ma maison de production, je n'ai jamais autorisé la moindre coupure dans aucun de mes films sans en avoir, au préalable, exprimé mon accord.
Quels sont les budgets moyens de vos films ?
Je dépense environ 3.500.000 yens par film (environ 50.000 francs). Je mets de sept à huit jours pour les tourner.
La suite ici.
2 commentaires:
Je suis justement tombé sur son film "Va, va, Vierge pour la deuxièmé fois" hier, que je compte regarder. Je n'avais jamais entendu parlé de ce réalisateur avant, quelle coïncidence de tomber sur cette interview sur ton blog. Félicitations pour celui-ci au passage, j'apprécie la lecture depuis quelques temps.
Merci bien.
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