dimanche 15 août 2010

Nino Oxilia - Rapsodia Satanica (1917)

Nino-Oxilia-Rapsodia-Satanica
Dernier film tourné par Nina Oxilia, avant de mourir au combat en 1917, pendant la première guerre mondiale, Rapsodia Satanica est un des sommets du cinéma italien, et pas seulement du muet. Film de diva mettant en valeur la beauté de l'actrice Lyda Borelli, Rapsodia Satanica est une adaptation du mythe de Faust dans la société aristocratique italienne des années 1910.

Nino-Oxilia-Rapsodia-SatanicaUgo Bazzini das le rôle de Mephisto.

Nino-Oxilia-Rapsodia-Satanica-Lyda-BorelliLyda Borelli : condamnée à mort.

Au bien nommé Château des Illusions, la vieille aristocrate Alba d'Otrevita est nostalgique de sa jeunesse et de sa beauté d'antan. Un soir de désespoir, elle fait un pacte avec Mephisto, l'incarnation du diable sur terre. Pour un temps donné, Alba retrouve sa jeunesse mais devra bientôt rendre des comptes au diable... Qu'importe. Sa splendeur retrouvée, Alba retrouve la joie et séduit Sergio et Tristano, deux frères. Comment, en effet, résister à Lyda Borelli, incarnation de la femme baudelairienne dans tous ses artifices : lèvres peintes, parfums de myrrhe, étoffes byzantines et pierres précieuses ? Un suicide et la réapparition des rides plus tard, la douce Alba doit se rendre à l'évidence. La mort la guette indubitablement.

Nino-Oxilia-Rapsodia-Satanica-Lyda-BorelliDeath on the stairs...

L'archiviste et "collectionneur" du cinéma Maria Prolo écrivait de Lyda Borelli :
Lyda Borelli devait être l'actrice la plus significative de son temps, la plus imprégnée de sens théâtral. Son papier à lettres portait la devise française La meute aboie... je passe. Elle introduisit dans le cinéma italien un élément réclamé par le public et y fut la personnification de l'idéal féminin de son temps : l'amour reculant les limites de l'impossible. En elle se combinèrent intellectualité et raffinement. Elle servit de modèle à une infinité de femmes qui d'annunzionisèrent et borellinisèrent avec conviction.

Cette actrice d'une rare intelligence unissait une extrême sensibilité à un raffinement tout esthétique qui s'harmonisaient parfaitement à son aspect subtil, un peu surprenant, éthéré et d'annunziesque jusqu'à la moelle des os. La pâle blondeur de la chevelure, la douceur des yeux contrastant avec une bouche profondément sensuelle, en faisaient une créature faite pour incarner les personnages les plus classiques des femmes chères à D'Annunzio.


Nino-Oxilia-Rapsodia-SatanicaLa mort rôde dans cette superbe "nuit américaine".

Rapsodia Satanica est très représentatif de l'esthétique décadente et de l'univers de Gabriele D'Annunzio, alors en vogue. Les décors sont superbes (palais, jardins, fontaines, sculptures, bibelots d'intérieur) et les costumes, surtout féminins, très élaborés. Les intertitres donnent également le ton :

Au Château des Illusions, la vieillissante aristocrate Alba d'Otrevita reçoit la jeunesse.

Recluse au Château des Illusions, Alba languit, le cœur au désespoir.

Alba sent confusément que l'univers entier est amour. L'amour est tout. Le reste : une vieille illusion.

Elle se couvre d'un voile, prêtresse de l'amour et de la mort.

On ne peut que regretter que Nino Oxilia, déjà réalisateur de Sangue Blu en 1914, avec comme actrice principale la diva Francesca Bertini, soit mort à la guerre peu après Rapsodia Satanica.


La fin du film : remarquable.

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