Les Années du Christ (Kristove Roky) est le premier long métrage de Juraj Jakubisko, cinéaste slovaque tout juste diplômé de l'École du cinéma tchèque (FAMU). Ce premier film a été récompensé par douze prix et distinctions dont le prix Josef von Sternberg au Festival du film international de Mannheim-Heidelberg. Avec un ton loufoque et anticonformiste, Juraj Jakubisko narre les péripéties existentielles de Juraj, un peintre bohème et homme à femmes, qui doute de son talent et du sens de la vie. Juraj fait la connaissance d'une autre peintre, Jana (délicieuse Jana Stehnova, avec des faux airs d'Anna Karina), ce qui donne lieu à un amour dilettante - ou un amour qui ne dit pas son nom.
Arrive bientôt le frère de Juraj, Andrej, officier de l'armée de l'air, marié, père de famille et apparemment sûr du sens de sa vie et de sa carrière militaire. En plaisantant, Juraj propose à Andrej de courtiser Jana, ce qu'étant jeunes, il faisait souvent. Andrej y parvient et Jana, bien que consciente du mal qu'elle fait à Juraj, ne veut pas renoncer à Andrej. Jusqu'au dénouement tragique du film.
Les Années du Christ est l'illustration de l'influence de la Nouvelle Vague française sur le cinéma tchécoslovaque : on passe du néoréalisme à l'individualisme, de la narration à la représentation du vécu, du système de grande production à la production indépendante fauchée et au cinéma d'auteur. Dans son ouvrage History of the cinema (from its origin to 1970), le britannique Eric Rhode analyse :
"Les cinéastes des pays d'Europe de l'Est ont développé les idées de Godard avec beaucoup plus d'invention et d'imagination que leurs contemporains occidentaux, qui eux sont tombés dans dans l'imitation de la poétique de la nouvelle vague sans en comprendre le sens, ou se sont perdus dans les ténèbres."
Un mouvement libérateur, dans le fond et la forme, qui prendra fin peu après la révolte manquée du Printemps de Prague, en1968. Signe des temps, Juraj Jakubisko subira la censure en 1969 avec Déserteurs et nomades, puis en 1970, avec Au revoir en enfer, mes amis, qui ne sortira sur les écrans qu'en 1990. Entre temps, il réalisera des courts métrages (dont Bubeník Cerveného Kríza en 1977), des documentaires et des productions pour la télévision.
Début des Années du Christ.
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