dimanche 29 août 2010

The Libertines - Live @ Reading Festival (28.08.2010)


The Libertines a donné au festival de Reading, le 28 août 2010, le dernier de ses quatre concerts de "reformation". On ne sait toujours pas aujourd'hui si le groupe compte effectuer une tournée ou enregistrer un nouvel album.

Setlist
01) Horrorshow
02) The Delaney
03) Vertigo
04) Last Post On The Bugle
05) Tell The King
06) Boys In The Band
07) Music When The Lights Go Out
08) What Katie Did
09) What Became Of The Likely Lads
10) Can't Stand Me Now
11) Death On The Stairs
12) The Ha Ha Wall
13) Don't Look Back Into The Sun
14) Time For Heroes
15) Time For Heroes 2
16) The Good Old Days
17) Radio America/Up The Bracket
18) What A Waster
19) I Get Along

Bootleg : concert intégral à télécharger ici (téléchargement direct) ou (torrent). L'enregistrement provient de la vidéo du concert, diffusé en direct par la BBC 3. Le son est donc excellent, de qualité professionnelle.


The Libertines : The Delaney.

samedi 28 août 2010

Diabolical Mr Franco, the Films of Jess Franco (1999)


Bon documentaire sur Jess Franco, réalisé en 1999 par la chaîne de télévision Channel 4, pour la série Eurotika, consacrée au cinéma bis et érotique des années 1960-70.

Ce bon vieux Jess Franco a donc droit à un épisode complet où l'on peut découvrir les témoignages du producteur d'Eurociné Daniel Lesoeur, de l'acteur érotomane Michel Lemoine, et des actrices Monica Swinn, Brigitte Lahaie et Caroline Munro. Sans oublier Jess lui-même ! Du haut-de-gamme donc.


Diabolical Mr Franco : première partie.


Diabolical Mr Franco : seconde partie.

samedi 21 août 2010

Hideo Nakata - Sadistic and Masochistic (2000)


Hideo-Nakata-Sadistic-Masochistic
En 2000, le réalisateur nippon Hideo Nakata, encore auréolé du succès international de son film d'épouvante Ring, dévoile une toute autre partie de sa filmographie : le pinku eiga. Nakata a en effet commencé sa carrière comme assistant directeur pour Masaru Konuma, fameux réalisateur de pinku eiga pour la maison de production Nikkatsu. Redevable à Konuma pour l'avoir fait débuter, Nakata réalise le documentaire Sadistic and Maschistic, un portrait de Konuma, de sa personnalité, de son style et de ses obsessions. L'homme a tout de même réalisé 48 films de 1971 à 2000. Et non des moindres. On lui doit plusieurs chefs-d'œuvre comme Wife to be Sacrificed (1974), Flower and Snake (1974), Erotic Diary of an Office Lady (1977) et le terrible Woman in a Box (1985).

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticAnnées 1970 : Nikkatsu rules OK ! Konuma, troisième en partant de la gauche.

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticMasura Konuma sur le tournage de Woman in a Box, panégyrique féministe.

A la fin des années 1960, la Nikkatsu est au bord de la faillite. Les dirigeants décident alors de produire un genre de film apte à faire de l'argent. Le cinéma d'exploitation inspiré par la nudité et le sexe ayant explosé dans les années 1960, à partir du 20 novembre 1971, la Nikkatsu va uniquement sortir des pinku eiga, encore connus sous l'appellation Roman Porno. Les réalisateurs phares se nomment alors Chusei Sone, Noburo Tanaka, Tasumi Kumisharo, Banmei Takahashi, Koyu Ohara... et Masura Konuma. La Nikkatsu mpose à ses réalisateurs plusieurs obligations : mettre une scène de sexe toutes les 10 minutes, faire un film d'une durée entre 60 et 70 minutes, ne pas dépasser un budget de 100.000 dollars, tourner le film sans son, tous les effets sonores (musique et dialogues) étant réalisés en post-synchronisation (ça, c'est chaud...). Passées ces quelques règles, les réalisateurs ont toute liberté artistique. Grâce à cette liberté, le pinku eiga va devenir un champ d'expérimentation très fertile, avec ses sommets mais également ses échecs.

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticHideo Nakata et Masura Konuma en pleine discussion.

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticKoyu Ohara : l'homme qui a réalisé White Rose Campus... Then Everybody Gets Raped
en 1982. Un type bien sous tout rapport.


L'intérêt de Sadistic and Masochistic réside dans le nombre d'intervenants de la Nikkatsu (actrices, réalisateurs, producteurs, scénaristes...) qui permettent non seulement de dresser un portrait de Masura Konuma mais de toute une époque et d'un genre cinématographique qui existe encore (seulement au Japon) et offre encore de bonnes surprises. Premier intervenant : Hideo Nakata lui-même qui raconte quelques anecdotes du tournage de Woman in a Box dont une scène a été tournée à Tokyo, en plein centre-ville, par une chaleur de 40 degrés. Devant de simples passants, Konuma filmait une actrice nue et attachée façon bondage, enfermée dans un van ! Témoignage de l'actrice, Saeko Kizuko, la trentaine bien sonnée au moment du documentaire : "j'aime la chaleur, j'aime les saunas, la chaleur ne me dérangeait pas tant que ça".

Hideo-Nakata-Sadistic-MasochisticNaomo Tani et Masura Konuma dans les années 1970.

Autre témoignage important, celui de Naomi Tani, "reine du roman porno" dans les années 1970, qui revient dans les studios, vingt ans plus tard, et retrouve Masura Konamu, avec lequel elle regarde le film Wife to be Sacrificed, en se racontant des anecdotes. Émouvant. Historique.


L'actrice Saeko Kizuki se remémore, hilare, le tournage particulièrement éprouvant de Woman in a Box,
dont une scène tournée dans les égouts.

jeudi 19 août 2010

Guy Maddin - Cowards Bend the Knee (2003)


Guy Maddin est définitivement un très grand réalisateur. Son amour viscéral de la poésie du cinéma muet force le respect. Car, dans ses films, il ne fait pas que rendre hommage au cinéma flamboyant des années 1920, il le ranime et lui donne une force supplémentaire. Dans son court métrage The Heart of the World en 2000, Guy Maddin avait déjà prouvé sa maestria pour raviver la flamme du muet, en six minutes délectables et jouissives inspirées par Fritz Lang et Dziga Vertov. Plusieurs critiques définissent, avec une réduction assumée, le cinéma de Maddin comme un croisement entre Murnau et Lynch. Ce n'est pas faux mais ce n'est pas vrai non plus. Admettons plutôt la tautologie : Maddin, c'est Maddin. Car ce type mérite plus qu'amplement d'avoir une place à part et d'être cité pour son propre style. Trois ans après The Heart of the World, en 2003, il réalise Cowards Bend the Knee, une autobiographie fantasmée. Un chef-d'œuvre. Ni plus ni moins. Tellement jouissif. Un des sommets du cinéma des années 2000.

Hommage aux Mains d'Orlac de Robert Wiene.

Cowards Bend the Knee est un film de 65 minutes constitué de 10 chapitres de 5 à 6 minutes originellement conçu pour être diffusé dans un musée. Le visiteur devait, par dix fois, accoler son œil à un œil de bœuf pour visionner, en voyeur, les 10 chapitres du film. Musée + cinéma : une équation qui fait rarement bon ménage où des auto-proclamés cinéastes sont en réalité des branleurs subventionnés par des mécènes qui ne parlent qu'à eux-mêmes. Pour le cas de Guy Maddin, que nenni !

Guy Maddin et sa femme brisent la glace.

Visage nitrate de Meta : ô combien sublime Mellisa Dionisio.

L'histoire est surréaliste à souhaits : Guy Maddin, joueur de hockey sur glace pour les Maroons de Winnipeg (sa ville natale) se prend deux gros taquets pendant un match, ce qui lui fait perdre la mémoire. Après le match, il accompagne sa femme, sur le point d'accoucher, à une clinique clandestine. Mais il ne sait même plus qu'il s'agit de sa femme. Pendant l'accouchement, il est séduit par Meta, une femme totalement sublime. Il décide de partir avec elle, délaissant sa compagne, qui meurt peu après. Sur le point de coucher avec Meta, celle-ci refuse que Guy touche son corps avec ses propres mains. Elle est traumatisée par la mort de son père, un coiffeur hockeyeur, dont on a délibérément coupé les mains. Meta, femme complètement œdipienne, ne désire qu'être palpée par les mains de son père. Elle drogue donc Guy pour qu'un chirurgien lui greffe les mains de son père. S'ensuit un subterfuge où Guy Maddin rend hommage au film muet Les mains d'Orlac (1924) de l'autrichien Robert Wiene. Le reste du film est à l'avenant. Une vraie bombe à nitrate de pellicule cinématographique subversive.


Les seins de Meta : un chef-d'œuvre inaccessible per se.



Intégralité du chapitre 2 du film. La scène de l'accouchement.

mercredi 18 août 2010

Khavn de la Cruz - Vampire of Quezon City (2006)

Khavn-de-la-Cruz-Vampire-Quezon-City
Khavn de la Cruz est un des réalisateurs les plus prolifiques et les plus fous des Philippines. Sûrement le fou le plus prolifique avec plus de 100 courts métrages et 28 longs métrages en dix ans. Khavn fait partie de cette génération qui doit son salut au numérique et à la possibilité de filmer, monter et diffuser à coûts réduits des films tournés en DV.

Khavn-de-la-Cruz-Vampire-Quezon-CityUne victime sexy de l'aswang.

Khavn-de-la-Cruz-Vampire-Quezon-CityKhavn de la Cruz se paie un flash bergmanien.

Dans Vampire of Quezon City, Khavn de la Cruz se livre à une expérimentation originale sur le mythe du vampire. Plus exactement de l'aswang, une goule dans le folklore philippin. Les aswangs sont les plus craintes des créatures surnaturelles aux Philippines et sont le sujet d'une grande variété de mythes et des histoires. Le mythe de l'aswang est très vivace dans la province de Capiz, ce qui fait dire à un des personnages du film qu'il s'étonne de voir un aswang à Quezon City, dans la métropole de Manille, alors qu'il apparaît plutôt à Capiz.

Khavn-de-la-Cruz-Vampire-Quezon-CityLe vampire se lèche les doigts ensanglantés.

Khavn-de-la-Cruz-Vampire-Quezon-CityIl y a toujours une religieuse dans les films de vampires...

Très peu de scénario et de narration dans Vampire of Quezon City. C'est surtout un film d'ambiance. D'ambiance assez malsaine, filmée en noir et blanc, parfois en 8 mm, rythmée par des sirupeuses et hypnotiques orgues d'église. D'ailleurs le film est bourré de croix, d'icônes religieuses et de chapelets. Une religieuses subira même les sévices du vampire. Khavn pousse l'abjection et la provocation en montrant torture, coprophagie, cannibalisme et nécrophagie. Avec un budget qu'on imagine très réduit, Khavn de la Cruz réussit à réaliser un film solide très original. Il est vraiment temps que ses films soient diffusés en France.



Extrait de Vampire of Quezon City.

mardi 17 août 2010

Anton Giulio Bragaglia - Thais (1917)

Bragaglia-Thais
Thais est un film mythique pour deux raisons : d'une part, il a été longtemps considéré perdu et la seule copie existante du film, incomplète, se trouve à la Cinémathèque française. D'autre part, il est souvent fantasmé comme un film futuriste. En réalité, il n'en est rien. Mais la méprise perdure. Le réalisateur, Anton Giulio Bragaglia, a bien fait partie de la mouvance futuriste. Il a même écrit un Manifeste du cinéma futuriste en 1916. Les décors de Thais (le seul rescapé des 4 ou 5 long métrages qu'il a réalisés) ont effectivement été conçu par le peintre Enrico Prampolini. D'où les peintures géométriques abstraites et les contrastes de couleur noir et blanc. C'est surtout à cause des photos de ces décors que Thais a longtemps été considéré comme un film futuriste.

Bragaglia-Thais
Bragaglia-ThaisLes fameux décors de Thais.

Contrairement aux films futuristes avant-gardistes des années 1920 et 1930, Thais a un scénario très conventionnel. C'est un film de diva. Ou plutôt, un pastiche d'un film de diva. On ne peut pas nier, en effet, que Bragaglia se moque avec gentillesse de la mode des divas et de l'excès décadent. L'histoire est plutôt simple : la comtesse slave Galitzy Thais, petite peste au visage d'ange, fait tourner la tête de nombreux soupirants mais considère les hommes comme des mouchoirs à jeter ou des jouets à casser. Sa grande amie mais rivale en amour, Bianca, est éprise d'un des prétendant de Thais. Mordue de jalousie, elle provoque son propre trépas lors d'une escapade endiablée à cheval. Avertie de cette mort, Thais, prise de remords, se suicide à son tour en s'enfermant dans sa "chambre spéciale", diffusant des gaz mortels. Fin.

Bragaglia-Thais
Thais et Bianca : this is a last goodbye...

Malgré sa fin tragique, Thais est très drôle, notamment par ses nombreux intertitres qui pastichent ceux des films de diva. Bragaglia pousse même le vice jusqu'à reproduire des poèmes Baudelaire, récités à la belle Thais par des prétendants exaltés !

Bragaglia-Thais

Bragaglia-ThaisExemples d'intertitres.

En 1952, dans son Histoire générale du cinéma, Georges Sadoul montre qu'à l'époque, le plus grand flou régnait déjà sur Thais. En effet, il le confond avec Perfido Incanto, un autre film, celui-là perdu, de Bragaglia :

Aucun cinéma européen n'était si raffiné, si décadent, si artiste [que le cinéma italien]. Le futurisme commençait à le pénétrer. Et Bragaglia, qui devait plus tard fonder, sous l'influence futuriste, la Maison d'art Bragaglia et le Théâtre des Indépendants, dirigea, pour la quintessenciée Lyda Borelli, Perfido Incanto, dans des décors modernissimes. Il est aujourd'hui un grotesque mélodrame 1900 qui prête surtout à rire. Les décors "futuristes" y tiennent certes une place, mais sont loin d'entraîner la stylisation générale 'un film, fort peu différent des autres productions italiennes pour divas.

Malheureusement, la copie sauvée de Thais est en bien mauvais état. Une restauration ne lui ferait pas de mal... Comme on peut le voir sur l'extrait ci-dessous, la dernière scène du film, avec ses fameux décors peints par Enrico Prampolini.

dimanche 15 août 2010

Nino Oxilia - Rapsodia Satanica (1917)

Nino-Oxilia-Rapsodia-Satanica
Dernier film tourné par Nina Oxilia, avant de mourir au combat en 1917, pendant la première guerre mondiale, Rapsodia Satanica est un des sommets du cinéma italien, et pas seulement du muet. Film de diva mettant en valeur la beauté de l'actrice Lyda Borelli, Rapsodia Satanica est une adaptation du mythe de Faust dans la société aristocratique italienne des années 1910.

Nino-Oxilia-Rapsodia-SatanicaUgo Bazzini das le rôle de Mephisto.

Nino-Oxilia-Rapsodia-Satanica-Lyda-BorelliLyda Borelli : condamnée à mort.

Au bien nommé Château des Illusions, la vieille aristocrate Alba d'Otrevita est nostalgique de sa jeunesse et de sa beauté d'antan. Un soir de désespoir, elle fait un pacte avec Mephisto, l'incarnation du diable sur terre. Pour un temps donné, Alba retrouve sa jeunesse mais devra bientôt rendre des comptes au diable... Qu'importe. Sa splendeur retrouvée, Alba retrouve la joie et séduit Sergio et Tristano, deux frères. Comment, en effet, résister à Lyda Borelli, incarnation de la femme baudelairienne dans tous ses artifices : lèvres peintes, parfums de myrrhe, étoffes byzantines et pierres précieuses ? Un suicide et la réapparition des rides plus tard, la douce Alba doit se rendre à l'évidence. La mort la guette indubitablement.

Nino-Oxilia-Rapsodia-Satanica-Lyda-BorelliDeath on the stairs...

L'archiviste et "collectionneur" du cinéma Maria Prolo écrivait de Lyda Borelli :
Lyda Borelli devait être l'actrice la plus significative de son temps, la plus imprégnée de sens théâtral. Son papier à lettres portait la devise française La meute aboie... je passe. Elle introduisit dans le cinéma italien un élément réclamé par le public et y fut la personnification de l'idéal féminin de son temps : l'amour reculant les limites de l'impossible. En elle se combinèrent intellectualité et raffinement. Elle servit de modèle à une infinité de femmes qui d'annunzionisèrent et borellinisèrent avec conviction.

Cette actrice d'une rare intelligence unissait une extrême sensibilité à un raffinement tout esthétique qui s'harmonisaient parfaitement à son aspect subtil, un peu surprenant, éthéré et d'annunziesque jusqu'à la moelle des os. La pâle blondeur de la chevelure, la douceur des yeux contrastant avec une bouche profondément sensuelle, en faisaient une créature faite pour incarner les personnages les plus classiques des femmes chères à D'Annunzio.


Nino-Oxilia-Rapsodia-SatanicaLa mort rôde dans cette superbe "nuit américaine".

Rapsodia Satanica est très représentatif de l'esthétique décadente et de l'univers de Gabriele D'Annunzio, alors en vogue. Les décors sont superbes (palais, jardins, fontaines, sculptures, bibelots d'intérieur) et les costumes, surtout féminins, très élaborés. Les intertitres donnent également le ton :

Au Château des Illusions, la vieillissante aristocrate Alba d'Otrevita reçoit la jeunesse.

Recluse au Château des Illusions, Alba languit, le cœur au désespoir.

Alba sent confusément que l'univers entier est amour. L'amour est tout. Le reste : une vieille illusion.

Elle se couvre d'un voile, prêtresse de l'amour et de la mort.

On ne peut que regretter que Nino Oxilia, déjà réalisateur de Sangue Blu en 1914, avec comme actrice principale la diva Francesca Bertini, soit mort à la guerre peu après Rapsodia Satanica.


La fin du film : remarquable.

samedi 14 août 2010

Norbert Weber - Im Land der Morgenstille (1925)


En 1925, le Père Norbert Weber (1870-1956), un moine bénédictin allemand de l'abbaye de Sainte-Odile, se rend pour la deuxième fois en Corée, muni d'une caméra. Il filme la vie quotidienne des Coréens, sans narration précise. Deux ans plus tard, le documentaire de près de 2 heures est projeté en Allemagne sous le titre Im Land der Morgenstille soit "au pays du matin calme", surnom de la péninsule, d'après une traduction de "royaume Choson". En 1925, la Corée est sous occupation de l'Empire japonais.

Danse de petites Coréennes.

Musique traditionnelle.

Sly & The Family Stone : "Dance to the music !"

Pendant le Troisième Reich, le gouvernement nazi, alors allié au Japon, a essayé de confisquer le film qui pouvait être interprété comme une critique de l'Empire nippon et de son occupation de la Corée. Un moine bénédictin a alors caché les bobines du film derrière un mur de l'abbaye de Sainte-Odile peu avant sa mort. Les bobines ont été retrouvées en 1975 lors d'une rénovation du de l'abbaye.


Une cérémonie de mariage célébrée par le Père Norbert Weber.

lundi 9 août 2010

Peter Delpeut - Diva Dolorosa (1999)


De 1913 à 1920, le cinéma italien va inventer remettre au goût du jour le mythe fin de siècle de la femme fatale et permettre la starification d'actrices telles Francesca Bertini, Lyda Borelli, Pina Menichelli, Soava Gallone ou Hesperia. On les appelle des divas.

En 1999, le Hollandais Peter Delpeut récupère des bobines de 14 films de cette époque, en tire la quintessence pour créer un nouveau long métrage qui synthétise l'esthétique et les thèmes des films de diva : Diva Dolorosa.

Lyda Borelli au bord de la crise de nerf.

Les films sont parfois tournés dans de véritables palais italiens.

Le film de diva distille les ambiances et les thèmes de perversion chers à des écrivains comme Baudelaire, Swinburne, Wilde, Huysmans, Lorrain et D'Annunzio. Les décors et les costume sont soigneusement conçus dans le goût "Art nouveau" et les univers d'Aubrey Beardsley et d'Alfons Mucha. C'est donc visuellement très agréable à regarder. Seuls le pathétique outrancier et les mimiques pour le moins exagérées des actrices passent difficilement l'épreuve du temps.


Lyda Borelli : femme voilée.

Le 21 mai 1918, dans le journal Excelsior, Colette décrit avec justesse les caractéristiques de la "femme fatale" des films italiens. On peut souscrire en tous points :

1. La femme fatale est presque toujours décolletée ; 2. elle est souvent armée d'une seringue de Pravaz ou d'un flacon d'éther ; 3. elle tourne sinueusement son col de serpent vers le spectateur ; 4. et plus rarement, nous ayant montré d'abord des yeux d'une grande étendue, elle les voile lentement de molles paupières, et, avant de disparaître dans les brumes du "fondu", elle risque le geste le plus osé qu'on puisse se permettre sur l'écran [...] Je veux dire qu'elle se mord, d'une manière lente et coupable, la lèvre inférieure.

[...] Elle emploie d'autres armes, - j'ai indiqué, plus haut, le poison - comme le poignard, le revolver, la lettre anonyme, et enfin l'élégance. J'entends par là qu'infailliblement la femme qui piétine les cœurs et dévore les cerveaux ne saurait se passer : 1°) d'une robe-gaine en velours noir ; 2°) d'un déshabillé dit "étrange" où l'on voit parfois, en broderies et peintures, l'algue, l'insecte, le reptile et la tête de mort ; 3°) d'une gerbe de fleurs qu'elle lacère d'un geste cruel.


Extrait de Diva Dolorosa. La scène imposée du baiser.

dimanche 8 août 2010

Interview de Koji Wakamatsu en 1970

Koji-Wakamatsu-Interview
Extraits d'un entretien avec le réalisateur japonais Koji Wakamatsu publié dans le numéro 21 de Midi Minuit Fantastique. Les scans complets de l'entretien sont disponibles sur le blog http://bxzzines.blogspot.com.

Que faisiez-vous avant de faire du cinéma ?

J'étais gangster.

Quelle sorte de gangster ?

Je participais à une organisation de gangsters à Shinjuku, un quartier de Tokyo. Un jour, j'ai été arrêté et mis en prison. Là, je n'ai cessé de penser, de réfléchir à toutes sortes de choses... C'est ce qui m'a décidé à faire du cinéma.

Quels ont été vos premiers contacts avec le cinéma ?

C'est très simple : au Japon, quand une grosse compagnie tourne des extérieurs en ville, elle est obligée de passer par l'organisation des gangsters du quartier choisi, qui s'occupe des camions, autobus, figurants, etc... Si les gangsters ne sont pas contactés ou s'ils ne reçoivent pas l'argent demandé, il arrive des tas d'accidents lors du tournage... Par exemple, l'éclairage tombe en pane, etc... C'est donc tant que gangster que j'ai eu mes premiers contacts avec le cinéma.

En fait, c'est du racket... Mais, à part ça, le cinéma vous intéressait-il ou bien n'était-ce qu'une affaire de gangstérisme ?

J'ai commencé à m'intéresser au cinéma vers l'âge de treize ans. J'allais davantage au cinéma qu'à l'école, je séchais les cours...

Quels films aimiez-vous à l'époque ?

Je voyais n'importe quoi. J'ai vu les films les plus mauvais du Japon !

A cette époque aviez-vous déjà fait connaissance avec les films érotiques ?

Quand j'allais au cinéma, je n'imaginais pas que j'allais devenir metteur en scène. J'y allais parce que cela m'amusait. Et je n'ai pu voir de films érotiques qu'en mentant sur mon âge.

Quels motifs ont entraîné votre carrière ver le sexe ?

Cela date de la puberté, quand je me suis révélé à moi-même...

Koji-Wakamatsu-Anges-Violés-Violated-AngelsLes Anges Violés (1967).

Tout votre passé cinématographique est-il centré sur les "éroductions" ?

Non, auparavant j'ai fait des films pour la télévision pendant deux ans.

Pourquoi êtes-vous un cinéaste indépendant et ne vous êtes-vous pas intégré au système des cinq grosses compagnies ?

Ces compagnies vous imposent trop de restrictions. J'ai voulu être libre.

Mais de toutes façons, vous respectez les restrictions imposées par la censure ?

Effectivement. Comme vous le savez, la censure a deux gros tabou : le sexe, que l'on ne peut pas montrer, et le coït. Si je les incluais dans mes films, ce serait pour montrer la beauté, la grandeur et la puissance de l'Amour. Mais ce genre de raisons ne seront jamais acceptées par les commissions de censure... Très souvent, l'on me coupe des scènes de descriptions de corps. Pour moi, la violence, le corps et le sexe font parte intégrante de la vie et forment le dynamisme de l'existence de l'humanité. Si je veux exprimer ceci par mes films, les autorités me censureront. Du point de vue du créateur, je ne puis marquer mon accord et je m'insurge contre cela de toutes mes forces. Les films que je produis sans les réaliser suivent également la même idée directrice. Dans le cadre de ma maison de production, je n'ai jamais autorisé la moindre coupure dans aucun de mes films sans en avoir, au préalable, exprimé mon accord.

Quels sont les budgets moyens de vos films ?

Je dépense environ 3.500.000 yens par film (environ 50.000 francs). Je mets de sept à huit jours pour les tourner.

La suite ici.

samedi 7 août 2010

Guy Maddin - The Heart of the World (2000)


Guy Maddin est un réalisateur canadien fort méconnu et pour le moins génial. Père de huit films et d'une vingtaine de courts-métrages depuis la fin des années 1980, Guy Maddin est un ancien guichetier de banque qui a tout compris à l'obscénité de son métier originel. Bien lui en a pris. Surtout, Maddin tourne en noir et blanc et ne cesse de rendre hommage au cinéma des années 1920. L'Âge d'or.

Le compte à rebours a commencé...

Ceci est flagrant dans le court-métrage The Heart of the World, où Maddin a seulement besoin de six minutes pour raconter une histoire qui mériterait bien deux heures de pellicules. Les clins d'œil à Fritz Lang et Serguei Eisenstein sont omniprésents (sans parler de Dziga Vertov !) De Lang, on retiendra l'apport d'éléments et de décors scientifiques et technologiques, ainsi que l'actrice principale, Leslie Bais, qui ressemble à s'y méprendre à Gerda Maurus, l'héroïne de La Femme sur le Lune (1929). D'Eisenstein, on retiendra les plans sur les mouvements de foule et la typographie des intertitres. On peut même déceler une référence à Erich von Stroheim, dans l'usage des gros plans sur le visage libidineux de l'industriel concupiscent. Enfin, le montage extrêmement resserré et rapide n'est pas sans rappeler le court-métrage d'Anthony Stern, San Francisco (1968)... le côté kaléidoscopique, en moins.

The Heart of the World est un petit bijou.