vendredi 16 juillet 2010

Elia Kazan - The Last Tycoon (1976)


Le dernier film d'Elia Kazan, The Last Tycoon (Le Dernier nabab en français), est un chef d'œuvre. Meilleur qu'Amercia America (1963). Chaque plan, chaque jeu d'acteur est juste. On atteint la perfection à ce niveau-là. Dans la série des films aussi impeccablement montés (et pas comme des chevaux), on trouve Citizen Kane d'Orson Welles (1941), Wild Bunch de Sam Peckinpah (1969) ou Seul contre tous de Gaspar Noé (1998). Évidemment, plusieurs films d'Éric Rohmer tombent sous ce couperet glorifique.


Tout est limpide. Elia Kazan, rejeté par les incultes politicards qui ne connaissent rien à l'art et se lavent de boue politique, utilise le script de Francis Scott Fitzgerald pour en tirer un film superbe et mémorable. Ce même F. S. Fitzgerald, auréolé du titre de meilleur écrivain des années 1920 qui finit sa vie alcoloo tricard et renié à Hollywood dans les années 1930 avant de mourir de foie et de lames dans la misère la plus crasse. Depuis Gérard de Nerval en France, on avait jamais autant traité un écrivain talentueux comme de la merde. Donc Kazan s'affranchit de l'écrit de Fitz' pour faire un film sur le cinéma totalement touchant et humain, à l'encontre de la vie californienne.


Que voit-on dans ce film ? Des acteurs fabuleux dont Robert de Niro (impérial de sobriété et de facilité), Robert Mitchum (l'Irlandais respectable adultère), Jeanne Moreau (la pute française), Tony Curtis (l'acteur imbu de lui-même) et Jack Nicholson (dans le rôle du communiste épaté par le paraitre des capitalistes). Il y a certes des acteurs superbes. Mais on y voit aussi un maquillage impeccable, des lèvres peintes et des robes couleur crème comme jamais vues dans les années 1930. Et des sentiments : défoncés au valium et aux cachetons, les êtres (car ce ne sont pas hommes) californiens n'atteignent pas le bonheur.

Là est la morale, qu'on ne trouvait pas dans le roman inachevé de ce cher F.S. Fitzgerald : le cinéma atteint l'essentiel mais ne l'atteint pas. Une réponse toute simple mais un existentialiste imposteur comme Jean-Paul Sartre n'a qu'à se faire le mettre bien profond. Car, ivrogne borgne, il n'a rien compris, ni au cinéma ni à la vie.



Conclusion : au lieu de délatter sur Elia Kazan, faites des films aussi bien que Le Dernier Nabab. Vous afficherez votre couleur politique plus tard.


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