vendredi 13 mai 2011

Patrick Yau - Expect the Unexpected (1998)



Un film chinois. Hong-Kongais faut-il préciser, car en 1998 le litige entre Hong-Kong et la Chine était à son climax. A cette époque politique charnière pour l'empire du milieu, un dilemme se posa pour les producteur de cinéma. Partir aux États-Unis gagner de l'argent et faire des films de merde (John Woo) ou rester en Chine et développer un cinéma national avec un budget limité mais des idées plein la tête. Johnnie To, le Jean-Pierre Melville aux yeux bridés, en imperméable et en ray-ban, n'a pas réfléchi longtemps. Il a choisi de rester en Chine et de fonder en 1997 sa propre maison de production, Milky Way. A raison, puisqu'en 1999, Johnnie To connait un succès international avec The Mission, une bombe de fraicheur salutaire. Jusqu'à maintenant (2011), Johnnie To a réalisé des chefs-d’œuvre incontestables dont Breaking News (2004) et Exilé (2006). Ce sont deux seuls exemples mais la liste est en cours. To est un metteur en scène imparable.



Donc Johnnie To choisit de rester en Chine. Expect the Unexpected est produit par Johnnie To mais est réalisé par Patrick Yau, un autre orfèvre du polar chinois hautement influencé par Jean-Pierre Melville mais qui dépasse le Melville pour porter l'action en milieu urbain chinois (donc très dense). Au héros solitaire et mélancolique melvillien succède le triadeux faussement altruiste et adepte de la gâchette hasardeuse (AK47 pour ton voisin). Un genre de polar qui connait son âge d'or depuis dix ans, quand on s'est rendu compte que Hong-Kong et Johnnie étaient les seuls inventeurs du polar actuel. En France, on s'en fout encore moyennement mais Johnnie To embauche quand même des acteurs français (belges ?) comme Johnny Halliday.



J'ai lu ça et là qu'Expect the Unexpected, à cause de son dénouement étonnant, était une métaphore de la fin de Hong-Kong et de la suprématie de la Chine. Il faudrait m'expliquer. Comme le tire du film l'annonce, la fin du film est inattendue, c'est pourquoi je ne la dévoilerai pas. En revanche, donner une portée politique à ce film est une fraude ultime. En quoi ce film serait plus politique que The Mission ou Breaking News, et tant d'autres films de Johnnie To (et de Patrick Yau) que j'ai tous vus ? Il y a comme une sorte de chasse aux sorcières aux cinéastes chinois qui vient des occidentaux et qui est insupportable. Que Johnnie To ou Patrick Yau réalisent un meilleur film que Luc Besson (avec un budget moindre) me paraît normal (cf Banlieue 13). C'est une question de talent.


Peu importe, Johnnie To fait partie du jury de l'auto-célébration mondaine et financière du Festival de Cannes. Mais c'est trop facile de taper sur l'ambulance. Quand Sono Sion aura la Palme d'Or, j’applaudirai. Pas avant.

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