mardi 11 janvier 2011

Interview de Jess Franco sur le porno


Le très bon blog Zines a publié les scans du magazine Ciné Star Vidéo, daté de 1983, qui consacre quinze pages à Jess Franco. En plus d'une présentation générale de l'œuvre de l'Espagnol, de 1959 à 1982, illustrée de très belles et nombreuses photos, le magazine reproduit un entretien avec Jess Franco, réalisé à Madrid le 4 février 1983 par Joan Bassa et Ramon Freixas. Le réalisateur y parle du cinéma porno, du choix de ses actrices et de la chaotique distribution de ses films dans les pays européens. Un régal dont voici quelques extraits.

Ta tradition érotique remonte déjà aux doubles versions de tes films de terreur. De ce côté-là, tu es l'un des pionniers...

Bon, je déteste les doubles versions, je n'en suis pas partisan. Mais ce n'est pas de ma faute, je faisais un film - érotique, si tu veux - et tout de suite, les censeurs allaient faire des coupures... Nous n'allions pas passer un film de 20 minutes ! En plus, si le film m'appartient et qu'il n'y a pas d'autre solution que de re-tourner d'autres séquences, je préfère que ce soit moi qui les fasse, et pas un autre. Par ailleurs, la censure ne limite pas son travail aux coupures. Je suis las que les titres de mes films soient changés. Je remets Deux sœurs vicieuses aux mains des distributeurs et d'autres personnes, voici qu'il devient Aberrations sexuelles d'une blonde brûlante. Ou bien La Déesse blanche devient Les Déesses du porno et - un comble - l'un de mes derniers films allemands, où il n'était nullement question de collégiennes mais de femmes mariées et qui faisaient l'amour avec les messieurs qui leur plaisaient, a eu comme titre d'exploitation Collégiennes violées. Quel pays...

La belle Estella Blain dans Miss Muerte / Dans les Griffes du maniaque (1966).

[...] Ta filmographie est énorme, épuisante, avec un nombre multiple de titres, les uns curieux, les autres amusants.

Oui, mais ce n'est pas de ma faute. Je suis fatigué de voir mes titres changés. Qu'on se figure que j'ai voulu adapter un roman de Perry Mason, L'Affaire des culottes transparentes, titre que j'aimais beaucoup, qui était celui du scénario et de la première copie. Mais pour imiter La Fille à la culotte d'or d'Aranda, on en a fait La Fille aux culottes transparentes.

[...] Tu as une prédilection pour Sade plutôt accusée.

J'ai beaucoup admiré ce gars-là. Beaucoup, beaucoup. Et je l'aime pour ses contes moraux. Ils sont, disons-le, fort moraux. Il me semble que c'était un écrivain audacieux parce qu'il se moquait de la réalité d'une manière précieuse. Et en plus, de fait, il est de plus en plus évident que c'était une sainte nitouche que sa femme faisait emprisonner pour lui faire l'amour.

L'entretien complet sur Zine.

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