Marc Dufaud a réalisé en 1995 un documentaire vidéo sur le punk rock français et Daniel Darc, Les Enfants de la Blank. Un documentaire qu'on aimerait (re)voir un jour ! En 2010, le même Marc Dufaud a publié une biographie de Bruce Springsteen. Entre les deux, il a publié le très intéressant Les Décadents français (2007), complément idéal à La Belle époque de l'opium d'Arnould de Liedekerke, et le roman Les Peaux transparentes (2003). Ce roman narre la descente aux enfers de Thomas, héroïnomane à Paris dans les années 1990. Un mélange de Jean Lorrain, de Roger Gilbert-Lecomte (il a d'ailleurs écrit un texte sur ce poète) et de William Burroughs, période Junky. La trajectoire est classique : un début festif et exalté sur les premiers flashes, l'arrivée terrible de l'addiction et enfin les affres et les difficultés du sevrage sous Subutex. Dans son roman, Marc Dufaud met en scène dans un "second rôle" Daniel Darc, ancien Taxi-Girl et traducteur de William Burroughs, sous le nom de Clean Cut Kid : une référence à la chanson de Bob Dylan extraite de l'album Empire Burlesque, 1985.
Petit passage sur Clean Cut Kid :
Clean Cut Kid était l'ex-chanteur d'un groupe phare des 80's. Sa génération, héritière de Mai 68, avait pris d'assaut les années 1980, la shooteuse au bras. Contre l'herbe des hippies et leur avachissement, la brutalité de l'héroïne ! Encore élitiste, le produit faisait à peine irruption dans le champ dit social, la came cristallisait cet extrémisme neuf [...] La dope marquait alors en somme l'appartenance à une mouvance radicale et romantique. Radicalement glamour et radicalement dans l'erreur... Sans doute ! En tout cas droit dans le mur.
Les titres des chapitres invoquent tout un panthéon musical rock 50's, dylanien et du punk: "Mystery Train", "Destiny Street", "Blank Generation", "Lust for Life", "Even Serpents Shine", "Ballad of a Thin Man", etc. Marc Dufaud fait d'ailleurs explicitement au Velvet Underground, aux Stooges, à Kim Fowley, à Johnny Thunders, aux Only Ones ou à Willy de Ville. Des goûts sûrs, donc. "Toute la foutue bande son !", écrirait Patrick Eudeline...
En dehors de sa bande son, le livre est aux antipodes de l'énumération systématique de disques de rock ou d'anecdotes musicales. La drogue est vraiment au cœur du livre, presque à toutes les pages. Le tout est parfois lumineux, souvent pathétique, comme tous les romans traitant de ce sujet. Les Peaux transparentes est le témoignage d'un certain milieu parisien des années 1990. Une époque (déjà) bien révolue.
1 commentaire:
merci pour cette découverte!
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