mercredi 25 mars 2009

John Francis Dillon - Call Her Savage (1932)

Clara-Bow-Call-Her-Savage
Call Her Savage est l'avant-dernier film de l'actrice Clara Bow (1905-1965). Tourné de septembre à novembre 1932 et sorti dans la foulée (ça c'est de la blitz post-production !), le film est l'œuvre de John Francis Dillon, un vétéran du cinéma hollywoodien, puisqu'il totalise 130 films à son compteur. Call Her Savage est d'ailleurs un de ses derniers puisqu'il meurt en 1934. Comme beaucoup de films produits entre 1930 et 1934, c'est-à-dire avant l'instauration du code Hays, Call Her Savage met en scène des personnages riches et pervers, des femmes fatales et des hommes goujats. Les sous-entendus sexuels, le péché et la luxure y sont omniprésents mais, Hollywood oblige, la dernière bobine fait place à l'apaisement et la rédemption.

Clara-Bow-Call-Her-SavageClara Bow mélomane fanatique: "Combien de fois il faudra que je te le dise ? Je déteste les guitares désaccordées !"

Il est vrai que le film part sur de bons rails. Un chemin de fer biblique, dirons-nous... A la fin du 19è siècle, des migrants américains se font attaquer par des Indiens. La lutte est sévère et plusieurs colons sont tués. Un homme mourant reproche à Salis Jennings son comportement immoral, notamment le fait qu'il trompe ouvertement sa femme. Colérique, Salis l'achève. Son crime ne restera pas impuni, le prévient-on. Dieu se vengera sur lui ou ses descendants... Justement, 18 ans plus tard, Ruth, la fille de Salis, accouche d'une fille, qui est le fruit d'une liaison adultérine avec un Indien. La revanche de Dieu commence...

Clara-Bow-Call-Her-SavageA Hollywood, on ne plaisante pas avec la Bible... Enfin, pas trop...

La fille adultérine n'est d'autre que Nasa Springer alias Clara Bow. Une véritable peste incontrôlable qui passe en quelques secondes de la douceur à la rage folle. Être la fille d'un des plus riches propriétaires terriens du Texas ne la réjouit pas vraiment. Elle est du genre à fouetter un homme parce qu'il rit trop fort ou à casser une guitare sur la tête d'un chanteur mexicain. Une dure à cuire, une bad girl. Son seul ami est Moonglow, le fermier de la famille, d'origine indienne et secrètement amouteux de Nasa. Excédé par son comportement, son père décide d'expédier Nasa à Chicago dans une école privée pour jeunes filles. Elle y passe deux années de bringues et de rixes et acquiert le surnom de "Dynamite". Sur un coup de tête, elle épouse Lawrence Crosby, un riche noceur qui s'avèrera souffrir de troubles mentaux. La roue commence à tourner...

Clara-Bow-Call-Her-SavageUne blonde et une brune dans une soirée mondaine: Catfight !

S'il n'est pas ouvertement outrancier (à part la réplique de Clara Bow: "Vous savez que vous êtes le premier homme que je connais depuis un mois avec qui je n'ai pas couché ?"), le film est imprégné d'un parfum pervers. Les personnages, surtout Clara Bow, victime du péché originel (deux générations adultères), se comportent de façon odieuse. Surtout les riches des grandes villes. Opulence et corruption. Évidemment. Le spectateur la sachant marquée par le Seigneur, il ne peut juger les actes de Clara Bow sans y voir le mal: le sadisme, la zoophilie (oui!), l'égoïsme, la colère, la fierté et, pour finir, le soupçon d'inceste...

Clara-Bow-Gilbert-Roland-Call-Her-SavageNasa Springer (Clara Bow) et Moonglow (Gilbert Roland)... Y a ambiguité...

Clara-Bow-Nude-Call-Her-SavageUne fille belle, seule, riche et désespérée, une bouteille d'alcool fort, des cigarettes et une nuisette: la flapper dans toute sa splendeur.

Ironiquement, il existe beaucoup de points communs entre l'héroïne du film et Clara Bow. Issue d'une famille pauvre de Brooklyn, elle a vécu dans le dénuement et la folie avant de percer dans le cinéma. Sa mère épilpetique la battait régulièrement et essaya même une fois de la poignarder dans son sommeil avant de faire une crise d'épilepsie. Clara elle-même, Cosette américaine, souffrit toute sa vie de troubles mentaux et de dépressions, le mode de vie d'actrice superstar n'arrangeant rien. Mais elle perça et devint la plus grande actrice de son temps, devenant la It Girl, selon l'expression d'Elinor Glyn. Sa filmographie comprend entre autres The Plastic Age (1925), Wings (1927) et It (1927). Elle se retira définitivement du monde du cinéma en 1933 après Hoopla. Grande actrice. L'idole de Louise Brooks, d'ailleurs.

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