Film philippin d'Elwood Perez, Silip est un film assez étonnant... assez extrême. Perez mélange violence et érotisme, à la limite du gore et de la pornographie. On ne sait pas s'il faut prêter au film une valeur anthropologique mais c'est à tout le moins une illustration de la condition humaine: Silip ou le film philippin existentialiste. Le spectateur ne peut que se comporter en voyeur face aux intrigues de ce huis clos - et aux nombreuses scènes dénudées. Silip signifie d'ailleurs "voyeur".
Dans un village philippin reculé de toute civilisation, Tonya, jeune femme sublime (incarnée par Maria Isabel Lopez, Miss Philippines 1982) mais tourmentée par le péché, enseigne la religion aux enfants. Tonya refuse de s'avouer qu'elle aime Simon, un des chasseurs du village et lutte contre ses désirs charnels en se plongeant dans le catholicisme et en considérant le sexe comme le Démon. Un jour, son amie d'enfance Selda (Sarsi Emmanuelle) revient au village qu'elle avait quitté cinq ans plus tôt. Selda est accompagnée d'un amant américain trouvé à Manille. Au contraire de Tonya, elle assume totalement sa vie sexuelle et multiplie les aventures. Pourquoi revient-elle au village ? Officiellement, elle est en vacances pour dix jours. Bientôt, ses motivations se révèlent être tout autres. Amoureuse de Simon dans sa jeunesse, elle souhaite rattraper le temps perdu... La vie du village va en être bouleversée.
Décor désertique, ciel menaçant, drame humain... David Fincher s'est-il inspiré de cette scène pour Seven ?
Filmé dans un village traditionnel perdu sur le littoral philippin, Silip a tout du film en huis clos, avec l'ambiance pesante et malsaine qui peut y reigner. A l'abri du regard extérieur, le village pourrit de l'intérieur malgré les apparences d'ordre et de rigueur. Les seules activités des villageois sont travailler la terre, chasser, manger et baiser. Une crudité toute pasolinienne. Dans cet univers près à s'asphyxier, Elwood Perez montre l'effondrement des valeurs et des croyances, la perte de la quiétude et de l'innocence. Malgré leur alibi de catholicisme, les hommes et femmes ne peuvent aller à l'encontre de leurs pulsions physiques (charnelles et sanglantes). Ils n'ont qu'une possibilité de pardon, comme dans la poignante scène finale.
Attention: cette scène peut choquer les plus sensibles.
Ci-dessus la première scène du film où Simon, le chasseur du village, tue et dépèce un buffle devant les enfants du village en pleurs. Simon leur explique que les animaux doivent mourir pour nourrir les hommes, que tout le monde meurt sur cette terre. Cette scène préfigure le drame final. Un final qui rappelle Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah, où la violence en groupe dépasse en ignominie la violence individuelle. Une bien belle vision de la société...
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