jeudi 17 mai 2012

Bruce Robinson - The Rum Diary (2011)


En 1998, alors qu'il rencontre Hunter Thompson pour préparer son rôle dans Fear and Loathing in Las Vegas, Johnny Depp trouve un manuscrit oublié du pape du journalisme gonzo : The Rum Diary, écrit au début des années 1960. Ce roman s'inspire de la vie de Hunter Thompson, à l'époque où il travailla comme reporter pour le journal sportif El Sportivo, à Porto Rico. Thompson prit comme toile de fonds le mode de vie des journalistes américains expatriés qui travaillaient pour le San Juan Star : soirées alcoolisées, paris sur les combats de coqs, grèves des Porto-ricains, reportages ennuyeux sur les hôtels de luxe pour étrangers et divers tractations mafieuses.

Lendemain de cuite au tribunal à Porto Rico.
Une tortue recouverte de pierres précieuse : dédicace à A Rebours de Huysmans.

Le narrateur, Paul Kemp (une projection de Hunter Thompson lui-même), est interprété par Johnny Depp. Après plusieurs échecs littéraires aux États-Unis, il débarque à Porto Rico pour s'adonner au journalisme pour le San Juan Daily News. La ligne éditoriale est loin d'être subversive : engouement des touristes pour les (nombreux) bowlings du pays, résultats sportifs, horoscope... Paul Kemp se lie d'amitié pour son collègue Sala, un alcoolique qui arrondit ses fins de mois en participant à des combats de coqs. Entre deux cuites au rhum et quelques mésaventures avec la population locale, Paul Kemp est vite approché par un riche entrepreneur, Sanderson, qui veut le faire participer à la promotion d'une opération immobilière sur une île encore vierge... De la corruption soutenue par des politiques américains pour gagner des milliards de dollars. La situation de Paul Kemp devient de plus en plus problématique quand il tombe amoureux de l'amie de Sanderson, la très sexuelle Chenault, jouée par la sublime Amber Heard (révélée dans All the Boys Love Mandy Lane).

Focus sur Amber Heard.

On ne peut éviter de comparer The Rum Diary à Fear and Loathing in Las Vegas. Ce dernier, réalisé en 1998 par Terry Gilliam est largement devenu une référence culte, notamment pour son traitement de l'effet des drogues psychédéliques - et son univers foutraque. Ce fut pourtant un grand échec commercial... et critique ! The Rum Diary n'a pas non plus vraiment bien marché, lui aussi étant déficitaire sur le plan budgétaire.

Dédicace à Adolf Hitler ?
Belle voiture, belle femme, beau paysage.

Sur le plan formel, comme les romans dont ils s'inspirent, les films sont assez différents. Là où Fear and Loathing in Las Vegas ressemblaient à un long trip sous LSD et mescaline, The Rum Diary ressemble plus à une virée éthylique dans un pays en voie de développement. Il y a malgré tout une scène psychédélique - assez ratée - où Paul Kemp et Sala font leur premier trip au LSD, permettant à Paul Kemp de trouver enfin un sens à la vie et son style littéraire. Une vision utilitaire et créatrice de la drogue, comme le laisse également penser une scène du film où Paul Kemp loue le talent poétique du "drogué" Coleridge.

Magouille et corruption à Porto-Rico : l'envers du Paradis.

The Rum Diary est plutôt divertissant, comme le sont les livres de Hunter Thompson. Bien sûr, la présence d'Amber Heard n'est pas étrangère à l'intérêt du film.

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