jeudi 13 septembre 2012

The Tale of 15 Children (1985)

The Tale of 15 Children (열다섯소년에 대한) est film nord-coréen de réalisateur inconnu, sorti en 1985. Un mélange de Robinson Crusoé (livre de Daniel Defoe), de Sa Majesté des mouches (livre de William Golding) et de Lost (la célèbre série TV américaine), le tout à la sauce nord-coréenne. Au programme : croisière sur une île, chants, danses, parties de pêches mais aussi tempête, famine, naufrage et survie sur une île hostile et inconnue.


Dans la Corée d'avant 1940, colonisée par le Japon, des pauvres villageois sont exploités par des propriétaires cruels, oisifs, avides d'argent et collaborateurs avec l'ennemi. Les coups de fouet du propriétaire pleuvent sur des enfants du village qui ne travaillent pas assez ou refusent d'obéir à l'autorité. Comme il l'explique entre deux coups de savates, "cette terre et ce ciel m'appartiennent". Pour se changer les idées et trouver un endroit "où il est possible de vivre heureux", quinze enfants du village (plus un chien) décident d'emprunter en cachette le bateau du propriétaire pour passer une journée festive sur une île proche. Tout se passe dans la liesse générale : pique-nique sur l'estran, pèche-détente, concours de chant et de danse, sieste, spéléologie... jusqu'à ce que le ciel se couvre et la mer se déchaîne ! Piégés dans une tempête, les quinze navigateurs inexpérimentés se retrouvent vite à la merci de la mer : leur mât est cassé, leur gouvernail inutilisable et leurs vivres sont comptés. Après plusieurs jours, la famine et le désespoir gagnent le navire...

Les cruels propriétaires et leur logique de domination.
Le rêve d'une éducation gratuite. Si seulement ils étaient nés en France...

Le bateau finit par atteindre une île déserte inhabitée. Les quinze naufragés s'y installent mais ne comptent pas y rester longtemps. L'histoire aurait pu virer dans l'utopie et l'exaltation de la création d'une société socialiste - comme la Corée du Nord). Il n'en est rien : impossible de vivre autre part que sur sa terre natale, malgré l'oppression des propriétaires. Tout un symbole de l'attachement du pays-mère en Corée - une thématique abordée dans de nombreux films nord-coréen. Aucune société alternative ne se créé sur l'île. Le seul fait notable étant l'exil volontaire d'un des villageois qui préfère alimenter un feu de camp (en espérant la venue d'un bateau) plutôt que de construire un nouveau bateau. Les conflits sont donc peu nombreux, à part quelques tensions quand une ou deux personnes ne travaillent pas suffisamment et profitent des autres. Les moments de joie ne manquent pas, comme lorsque deux enfants (huit ans maximum) entament une chanson raillant "le propriétaire fainéant et avide d'argent qui grossit en suçant le sang des gens" ! Ou ce rêve d'un autre enfant qui s'imagine retourner sur son île natale et tirer des flèches enflammées sur le propriétaire !

On se raconte des histoires le soir avant de dormir pour se donner du courage.
Le méchant américain avec ses cheveux longs et sa croix.
Camouflage : en un coup de cirage, un Coréen peut se grimer en Noir américain.

La propagande politique est pourtant assez légère. L'action se déroulant avant le mouvement de libération nationale des années 1930, il n'y a aucune référence à Kim Il-sung. Une séquence est tout de même remarquable : deux villageois quittent l'île sur un radeau de fortune et sont recueillis par un navire... américain ! Le "diable" américain. Les méchants impérialistes (des Coréens à perruques qui fument et boivent de l'alcool jusqu'à l'ivresse) capturent les deux innocents pour les vendre comme esclave "dans un pays du Sud" - un sous-entendu désigner la Corée du Sud, alliée des Yankees. Heureusement, un esclave noir (joué par un Coréen passé au cirage !) les aide à s'échapper. On note un parallèle intéressant entre impérialistes Yankees/propriétaires et Afro-Américains/villageois exploités. Finalement, le film se termine par le départ groupé des quinze naufragés vers leur île natale. La trouveront-ils ? L'espoir fait vivre.

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