vendredi 5 mars 2010

Philippe Sollers mijoté façon Nabe

Extrait de L'Homme qui arrêta d'écrire, ce passage sur la remise d'un prix littéraire. Franz-Olivier Giesbert n'a pas voulu citer les passages concernant Philippe Sollers (extrait non intégral) dans son émission, en voici la teneur. Rien d'important pourtant. Mais le milieu littéraire et médiatique (deux termes contradictoires souvent incestueux) ne le permet pas. Relire ce qu'a écrit La Boétie dans son adolescence pour juger, n'est-ce pas ? [les fautes d'orthographes des noms propres sont d'origine]



Antoine Galimard s'avance vers son ex-femme, intrigué sans doute de la voir tenir un bébé inconnu dans ses bras. J'ai à peine le temps de serrer la main d'Antoine et de l'entendre me dire: "c'est original de remettre le prix de cette année dans un endroit pareil, non ?" qu'une espèce de monstre enragé se jette sur lui par derrière, et lui enfonce presque ses dents dans le crâne comme s'il voulait lui dévorer la tête. Apparemment, ça ne plaisait pas à l'animal sauvage qu'on se parle, Galimard et moi.

C'est Philippe Solers. Solers, ivre, en sueur et si défiguré par la fausseté hystérique que j'ai du mal à le reconnaître... Grossi, vieilli, aigri, les cheveux blancs, la peau rougeaude, les dents tordues et jaunes et noires, il prend dans ses mains la tête de son patron comme si c'était le globe terrestre, comme s'il voulait s'approprier le monde entier. Anny recule, craignant que des postillons, ou même du sang, n'éclaboussent notre enfant...

- Moi il me fait peur... me dit-elle.

Antoine finit par dégager sa tête d'archevêque des crocs du cannibale bordelais, le directeur de L'Infini éclate de ce rire étouffé, forcé, triste qui le caractérise. Lui aussi a tout trahi, et pas seulement moi, et pas seulement lui. Je l'ai bien connu, trop sans doute pour qu'il n'en soit pas gêné.

- Tout le monde a compris que tu n'entreras vraiment chez Gallimard que lorsque Solers sera vraiment mort, me souffle Anny.

J'ai arrêté, ça ne se voit pas ? Pas la peine de se mettre dans des états pareils... Lui qui a donné des leçons de stratégie à tout le monde s'est avéré pour lui même le pire des stratèges. Il croyait pouvoir devenir un artiste subversif de l'écriture tout en étant admiré par les pires de ses contemporains, nager à contre-courant de l'institution et en même temps écrire de grands livres qui se vendant.


Pauvre Philippe. Il s'imagine passer par tous les médias sans que ça ne lui porte le moins du monde ombrage, comme un saint-Jean de Saint-Germain qui se tremperait de lui-même dans toutes les marmites d'huile bouillante qu'on lui présenterait et qui s'en porterait toujours comme un charme...

Solers a choisi sciemment l'enfer des médiocres, il est avec eux dans les flammes toute la journée, et il y est bien, comme un poisson pourri dans l'eau croupie. C'est Purgatoire qu'il aurait dû écrire au lieu de Paradis, car c'est bien un sacré purgatoire qui l'attend. Un purgatoire interminable qui va s'enclencher dès sa mort. Et vouloir être enterré à l'île de Ré auprès d'aviateurs anglais tombés pour la "libération" de l'Occident ne changera pas son destin posthume... Sur a tombe, monsieur Joyau veut qu'on inscrive "Vénitien de Bordeaux" et tout Solers est là. Il ne suffit pas d'aimer Venise pour être "vénitien", même de cœur. Solers est bordelais, point. Et "les Bordelais, comme dit Feydeau dans Chat en poche, c'est si blagueur!..."

[...] Solers va laisser [le souvenir] d'un gros bourgeois lâche, très maladroit au fond, d'une prétention contreproductive et qui surtout s'est trompé sur tout, comme il continue à le prouver tous les mois dans Le Journal du Dimanche où son ironie cache mal une incompréhension tragique de l'actualité de son temps. Il n'y rate pas un cliché de la bien-pensance.


A soixante-douze ans, Philippe Solers est le plus méprisé de tous les écrivains d'aujourd'hui, il est considéré comme un clown des lettres qui s'est abîmé dans le cirque médiatique, qui n'a écrit que de bons articles sur des figures indiscutées de la littérature mais qui n'a jamais su créer ni un univers romanesque, ni un myhte de sa personne, ni une aura autour de ses livres, de plus en plus vulgaires et vides, que personne n'achète ni ne lit [...]

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