Sogo Ishii est souvent considéré comme le cinéaste punk du Japon. C'est en partie vrai mais depuis les années 1990, Ishii a complètement renouvelé son style et ses intentions, comme on peut le voir avec Le Labyrinthe des rêves (Yume no ginga). En 1977, alors étudiant à la Nihon University de Tokyo, Ishii tourne avec le matériel de l'école le court métrage Panic High School. Dans ce brûlot, il dénonce la pression exercée sur les étudiants pour entrer dans les grandes écoles et devenir un salaryman voué et corps et âme à son travail. Dans Panic High School, un étudiant au bout du rouleau arrive à l'université armé d'un fusil et tue son prof de maths. S'ensuit une prise d'otages qui vire peu à peu au carnage. En 1978, Sogo Ishii fait de Panic High School un long métrage aujourd'hui devenu un classique.
En 1980, Ishii réalise Crazy Thunder Road, un film post-apocalyptique où des gangs de motards se livrent une guerre sans merci rythmée par une musique punk incisive. Une variation de Mad Max, pour résumer. Tourné de façon indépendante en 16mm, la maison de production Toei décide de sortir le film en 35mm. Crazy Thunder Road fait partie des dix films préférés du réalisateur et acteur Takeshi Kitano.
En 1980, Ishii réalise Crazy Thunder Road, un film post-apocalyptique où des gangs de motards se livrent une guerre sans merci rythmée par une musique punk incisive. Une variation de Mad Max, pour résumer. Tourné de façon indépendante en 16mm, la maison de production Toei décide de sortir le film en 35mm. Crazy Thunder Road fait partie des dix films préférés du réalisateur et acteur Takeshi Kitano.
Sogo Ishii continue en 1981 avec le moyen métrage Shuffle, un coup de poing nihiliste où un désespéré fuit des yakuzas et la police avant de se suicider dans le couloir d'un commissariat. Grosse claque et mise en scène simple et efficace. Le spectateur assiste ainsi pendant plus de dix minutes à une course poursuite en pleine rue filmée caméra à l'épaule, avec les tremblements que cela implique. En 1982, Ishii signe Burst City, sorte de manifeste du mouvement punk nippon du début des années 1980. On y voit des punks faire la fête, se battre avec la police et assister à des concerts des groupes The Rockers et The Stalin. On y voit aussi des motards enragés désireux d'en découdre avec les forces de l'ordre, la société industrielle et les yakuzas. Jusqu'en 1989, Sogo Ishii ne réalisera pas de long métrage à part Crazy Family en 1984. A la place, il fera des clips musicaux pour des groupes punks. C'est alors la fin de sa période punk, débutée en 1977.
En 1997, après le thriller Angel Dust (1994) et la romance surnaturelle August in Water (1995), Sogo Ishii revient avec Le Labyrinthe des rêves, un film au scénario très simple. Dans un village du Japon d'avant 1940, Tomiko, contrôleuse de billets dans un bus, reçoit une lettre de sa meilleure amie Tsuyako, également contrôleuse dans un autre village. Celle-ci lui annonce que son fiancé, un chauffeur de bus, projette de la tuer. Quelques jours plus tard, Tomiko apprend effectivement que Tsuyiko est morte dans une collision entre un train et un bus. Son fiancé, le chauffeur du bus, a étrangement survécu à l'accident. Peu après, une collègue de Tomiko lui raconte la rumeur selon laquelle un chauffeur de bus séduit les contrôleuses de billets avant de les assassiner mais d'une telle manière qu'il est au-dessus de tout soupçon. Du jour au lendemain, un nouveau chauffeur fait son apparition. Il s'agit justement de l'ancien fiancé de Tsuyako. Tomiko décide se venger de la mort de son amie mais elle tombe bientôt sous le charme du beau chauffeur. Mais est-il vraiment le fameux tueur de contrôleuses ? La mort de Tsuyako était-elle un meurtre déguisé ou un simple accident ?
Sogo Ishii montre ici un grand talent de cadreur et de metteur en scène. Sur une histoire très simple qui laisse peu de place à de l'action, le réalisateur sort de spectateur de l'ennui en vaporisant une atmosphère lourde et déroutante à coups de gros plans sur les visages de l'actrice principale, de plans statiques du paysage, d'ambiances tantôt brumeuses tantôt surexposées, le tout accompagné par une musique discrète et légèrement angoissante. Le noir et blanc et la photographie du film sont par ailleurs exceptionnels. Les deux acteurs principaux sont très convaincants. Rena Komine joue le rôle de Tomiko. Celle-ci n'a pas persévéré dans le cinéma même si on l'aperçoit dans Into a dream de Sono Sion. Son visage est pourtant très photogénique, ce qu'a compris Sogo Ishii qui multiplie les gros plans. Un réalisateur qui filme de tels visages en gros plans peut rarement faire un mauvais film. Le chauffeur de bus Niitaka est interprété par Tadanobu Asano, un des acteurs phares du cinéma japonais des années 1990-2000. On le voit notamment dans Tabou de Nagasa Oshima, Zatoichi de Takeshi Kitano, Ichi The Killer de Takashi Miike (le psychopathe masochiste blond platine, c'est lui !) et Café Lumière de Hou Hsiao-Hsien.
Ci-dessus un extrait du Labyrinthe des rêves.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire